Aujourd’hui dans le rétro, on célèbre un album dédié aux enfants albinos, atteints d’une insuffisance de production de mélanine.
Salif Keïta est né au crépuscule des années 40 au Mali. Une naissance qui a fait beaucoup de bruits à Djoliba, village où il grandit, d’une part car c’est le descendant d’une figure historique de la région (l’empereur du mandingue Soundiata Keita), mais aussi car il est né avec la peau blanche, Salif Keïta est albinos.
Son enfance est solitaire et même au sein de sa famille, peu de personnes lui adressent la parole, en raison de sa pigmentation de peau, sujets aux moqueries et à la stigmatisation. Il se réfugie donc dans la connaissance, les livres et la musique. Il se met en tête de devenir professeur, avant d’opter pour la voie de chanteur et de musicien. Cette voie l’emmène à Bamako où il chante dans des cafés puis dans des hôtels et trouve un certain succès qui lui permet de produire des disques.
Salif Keïta est un artiste qui n’hésite pas à utiliser sa voix pour diffuser des messages à portée politique. Il a notamment participé en 1985 au concert “Liberté pour Mandela” à la fête de l’Huma, au côté de Manu Dibango. Une édition marquée par un message fort : « Si l’homme croupit depuis août 1962 dans les geôles du gouvernement raciste d’Afrique du Sud, ses idées, son combat, son visage sont dans tous les cœurs aujourd’hui à la Courneuve. » On retrouve d’ailleurs dans le disque que l’on célèbre aujourd’hui, Folon, un titre dédié au sud-africain Mandela.
Ce disque est particulièrement riche en termes de composition et de style intégrés. Au-delà des habituels arrangements de kora (instrument à cordes originaire du Mali) qu’on lui connaît, des choeurs qui donnent une portée et une puissance à ses textes engagés, Salif Keïta adopte ici des techniques rythmiques variées. Des procédés que l’on retrouve sur la 8e piste, “Dakan-Fe”, matinée d’un contretemps reggae.