Dans un artbook réussi, l’agence d’illustration KIBLIND nous embarque dans un tour de France des salles de concert mythiques.
La Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand. La Laiterie à Strasbourg. Le Transbordeur à Villeurbanne. Le Bikini à Toulouse. L’UBU à Rennes. Le Bataclan à Paris. L’Aéronef à Lille. Après la collection Détour de France, qui illustrait les villes de France par l’intermédiaire de ses lieux touristiques les plus emblématiques (le parc des Buttes-Chaumont à Paris, le Palais des Papes à Avignon, la colline de la Croix-Rousse à Lyon, etc.), l’agence lyonnaise KIBLIND (magazine trimestriel dédié à la culture visuelle depuis 2004, puis agence de communication, et depuis 2017, galerie lyonnaise) a décidé de s’attaquer à d’autres lieux, représentatifs, cette fois, de la culture alternative : les salles de concert.
Mal-aimées et adorées
“Cachées ici, planquées là, jetées là-bas au fond des zones, coincées entre deux murs, elles ont longtemps été les mal-aimées, celles qui faisaient trop de bruit, tenues par des grandes gueules saltimbanques de leur état, tout au moins. C’était hier.”, lit-on en introduction du livre France Music Tour, qui vient de paraître.
Car aujourd’hui, ces salles, qui sont souvent des Smac (Scène de musiques actuelles), font partie intégrante de la culture de ces villes qu’elles contribuent tant à faire vivre, vibrer, vrombir. Ces salles qui défendent des artistes émergents ou présents depuis longtemps (Nick Cave, Iggy Pop, Patti Smith dans votre ville, et ouais !), qui font danser les foules, compactes ou clairsemées, qui jouent des musiques rock, électro, rap, punk, folk, house, techno, trap, autres. Qui jouent tout et puis son contraire. Tout !
Lieux de vie
La Cartonnerie à Reims. La Vapeur à Dijon. Le Krakatoa à Mérignac. La Sirène à La Rochelle. Le 106 à Rouen. Ces salles où vous avez fait vos premiers pogos, tentés vos premiers pas de tangos, de chacha, de salsa, où vous avez écrasé vos premiers mégots, roulé vos premières pelles, chantonné (mal !) vos premiers refrains en yaourt, sifflé votre première bière, peut-être bien. Là où vous retrouvez encore aujourd’hui vos potes, volontairement ou pas, puisqu’ils y sont tout le temps fourré, les pieds qui collent à la bière qui y a coulé. Ces salles où vous parlez le langage qui est celui du plus grand monde, celui de la musique, ce langage que tout le monde, dans ces endroits-là, parle avec vous. Ces salles-là. Chacun la sienne.
Douze salles pour Kiblind donc. Comme les apôtres, mais sans drame à la fin. Le tour de France (ou marathon… voir barathon ?) commence cette fois à la très rock Coopérative de Mai, puisque la salle clermontoise a contribué à imaginer ce projet né d’un coup de foudre entre la Coop’ et KIBLIND. Elle se poursuit partout où la musique vit et se fait avec les directeurs de chaque lieu qui offrent anecdotes de bringues, de gueules de bois, de “gros bazar”, de fierté et d’ambitions pour les années à venir qui, on n’en doute pas, seront encore bien belles.
Apôtres
“Nous les avons rêvées, dessinées, aimées, nous les avons vues grandir, vieillir, mûrir, se refaire une beauté, perdre leurs couleurs et retrouver de secondes jeunesses.”
Le roadbook illustre ces lieux de culte underground avec l’aide de douze illustrateurs (un pour chaque salle, vous avez compris), dont la plupart viennent ou vivent dans les villes en question. Ils dessinent et donnent de nouvelles couleurs à ces lieux emblématiques.
Charlotte Prague illustre le joyeux brouhaha de la foule de la Coop’ de Mai, tout comme Dans les dents pour UBU, tandis Célia Genevois et Les Canailles illustrent la Cartonnerie et L’Aéronef avec minimalisme. Ruliano des Bois et Melek Zertal ont choisi une esthétique art déco pour La Sirène et pour Le Bataclan.
On garde un peu de suspens et on vous laisse découvrir le reste de la setlist, qui va mettre le feu à la scène (littéralement dans le cas de la Cartonnerie à Reims et du Bikini à Toulouse), prévue pour ce tour en 12 étapes de 3417 kilomètres que propose KIBLIND avec France Music Tour.