Le Français a chanté Baudelaire au Musée de la Vie Romantique. Et recommence sur disque.
Il y a quelques mois, Frànçois Marry, leader des Frànçois and the Atlas Mountains (pop maligne, mélancolique, exaltée, ouverte d’esprit), emménageait à Paris, laissant derrière lui ses années de vie passées du côté de Saintes, Bristol, Bruxelles, pour se confronter à la découverte d’une capitale souvent envisagée, mais jamais véritablement explorée. Nouvelle vie au sein d’une ville où il est difficile de n’en mener qu’une, Frànçois voit ce qu’il y a à voir au sein de la ville lumière, rencontre des individus nouveaux, passe faire un tour chez Nova, et a notamment l’opportunité de mener le projet Baudelaire, l’Oeil Moderne, au Musée de la Vie Romantique, où il fut donc question de reprendre, de manière minimale, quelques textes du poète Français du XIXe (Les Fleurs du Mal, Les Paradis Artificiels, Le Spleen de Paris etc.) Guitare, voix, spontanéité.
Outrage à la morale publique
Reprendre Baudelaire pour un musicien français, beaucoup ont tenté l’aventure, déjà. Léo Ferré y a passé beaucoup de temps (Les Fleurs du Mal en 1957, Léo Ferré chante Baudelaire en 1967, et Les Fleurs du Mal (suite et fin) en 1977), Serge Gainsbourg un peu moins (il reprend « Le Serpent qui danse » en 1962), et Jean-Louis Murat aussi, via un album sortit en 2007 consacré à celui qui avait vu, en 1857, ses Fleurs du Mal censurées par une société où l’Église et l’État ne sont pas encore séparés, et où les moeurs ne sont pas encore franchement libérées, une société qui avait vu, dans « Les Métamorphoses du Vampire » ou dans « Les Femmes damnées » un « outrage à la morale publique » et une « offense à la morale religieuse ».
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue
Convaincu par la pertinence du projet, et par le bon fonctionnement de textes repris avec beaucoup de recul et sans grande pompe (« Je souhaitais aborder ces textes avec beaucoup d’intuition et de légèreté, sortir de l’environnement classique et scolaire auquel cette œuvre est parfois associée », dit Frànçois), le chanteur évoque, dans la foulée avec son tourneur Astérios la possibilité de proposer l’album sur d’autres dates. Avec quelques compères (Barbara Carlotti, Juliette Armanet, Fishbach, Vacarme), rencontrés à Paname, il sort aussi un album présenté aujourd’hui par un premier extrait, sa reprise d’« À une passante », sans doute l’un des poèmes les plus célèbres du poète – qui était également critique d’art, et toxico notoire -, celui qui narre la rencontre éphémère avec cette femme « agile et noble, avec sa jambe de statue », intervenue au sein d’une scène où le brouhaha domine, avant de disparaître quasiment aussitôt. L’éclair puis la nuit.
Voilà pour les textes de Baudelaire très connus, et qu’on vous a peut-être enseignés, lorsque vous étiez encore de jeunes adolescents, au lycée. Et pour les textes qui le sont moins, vous avez également ce petit recueil publié il y a quelques semaines par les Éditions Nova – Mon coeur mis à nu -. Vous avez la possibilité de vous le procurer, en attendant la sortie de l’album de l’ami Frànçois, qui est souvent passé ici chez Nova, notamment à la rentrée. Et ne vous inquiétez pas non plus : si Frànçois pose sur ces photos de presse vêtu comme l’était Baudelaire version Nadar (redingote longue, chemise blanche, air spleenien), ce n’est pas par délire schizophrénique aigu, mais bien dans une optiques de communication papier / digitale.
Visuels : (c) Margaux Shore