À Pigalle, cet écrivain, barman et détective privé fait souvent le même rêve : il est devenu un toutou, ce qu’il interprète… comme un désir de modestie qui a du chien.
De quoi rêvez-vous, confiné.e ? De courses à vélo, jusqu’à la Méditerranée ? De bals masqués olé-olé ? De plantes d’intérieur carnivores, de contrôles policiers qui dérapent en rumba cadencée ? François Perrin, lui, apparaît souvent dans ses propres songes… sous la forme d’un chien. Si ! Juré fidèle du Prix de la Page 111 remis chaque automne sur Radio Nova, cet écrivain (Bois sans soif, 2014), barman, critique littéraire et détective privé, traverse tous les soirs le rideau onirique… en jappant derrière un camion-poubelle.
Quoi ? Faut-il supposer que ce fin limier, qui releva ces derniers mois le défi de « remixer » en vingt minutes quelques monuments chétifs de la littérature mondiale (Gargantua, Zadig, Sinbad ou L’Odyssée, adaptés en musique par Les Liseuses), est victime d’un sortilège semblable à ceux que l’on déniche à la pelle dans les livres de Rabelais, Voltaire ou Homère ? Possible. Mais cet excentrique rigoureux, qui occupe l’essentiel de son enfermement volontaire à refaire un par un tous les exercices des programmes de mathématiques de seconde, première et terminale, choisit d’interpréter cette possession nocturne comme le désir d’une modestie qui a du chien ; un appel subconscient, que nous sommes sans doute nombreux à partager, vers davantage de « simplicité » ; en soupçonnant les tartuffes mondains, les beaux parleurs à truffe molle, lassés de leurs « certitudes arrogantes », de rêver eux aussi de laisses délaissées et de baballes à attraper. Wouf.
Pour écouter ses remix littéraires, avec parfois la voix de Leeroy du Saïan Supa Crew, c’est ici.
Visuel © L’Île aux chiens, de Wes Anderson (2018).