Pour ce qui sera l’un des derniers rassemblements mélomanes de l’année, le Krakatoa a décidé de jouer sur du velours. Fibre indie, fibre pop, fibre régionale aussi : à chacun.e sa bonne connexion pour se lier à ce concert inscrit de longue date dans nos agendas – l’identité des artistes à l’honneur favorisant cette heureuse précaution.
Né à Saintes, grandi à Bristol puis à Bordeaux et Bruxelles, avant aujourd’hui de se fixer sur la côte landaise, François Marry et ses acolytes (de plus en plus discrets) des Atlas Mountains font partie depuis longtemps de nos fréquentations pop – et pas seulement pour faire risette aux quotas du CSA, cela va sans dire.
« Slow Love », « La Fille aux Cheveux de Soie », « Les Plus Beaux », « 1982 », « Revu » : des charmes graciles d’E Volo Love à son dernier né, le très europhile Banane Bleue (le nom donné à la dorsale mégalopolitaine reliant Londres à Milan), Frànçois & The Atlas Mountains élabore des tourneries mélodiques toutes en suavité hyaline, en désinvolture primesautière, en floraisons d’un indécrottable romantisme, inspirées par quelques petits maîtres anglo-saxons, les Vini Reilly, les Stuart Murdoch, les Stuart Moxham. Autant de références portées en sautoir, insinuées, métabolisées sans avoir l’air d’y toucher, faisant de lui, avec ce sens de la poésie nonchalante, l’un des piliers de la belle maison Domino Music – celle de Cat Power, Fat White Family ou Wet Leg.
Avant de ne pas dire coucou (car il déteste ce mot) au bon François, c’est un autre habitué de nos ondes qui viendra égayer nos écoutilles : Malik Djoudi, le popeux poitevin au timbre androgyne, qui a traversé Charybde, Scylla et rocade un vendredi soir à 18h – ou plutôt, confinement, opération du dos et « syndrome du deuxième album subi à retardement », dixit ses propos dires – pour élaborer son troisième opus, Troie, dont son auteur qu’il sera, à l’instar de la ruse ulyssienne, une manière de s’infiltrer au coeur des citadelles mainstream. Joue-là comme Djoudi.
Fini les machines omniprésentes, place à la basse, à la batterie, au saxo, avec les excellents frangins Maxime Daoud (alias Ojard, compagnon de route de Forever Pavot) et Adrien Soleiman pour servir ce portrait de l’artiste en jeune homme timide, vulnérable, piqué de points sensibles, traversé de fêlures solaires. Des miroitements qui ont su séduire, après Daho sur son précédent album, tant Katerine qu’Isabelle Adjani ou Lala &Ce, invité.es de ce disque confectionné dans les mythiques studios Ferber, qu’à Nova nous avons apprécié un peu, beaucoup, à la folie – et en « Chambre Noire ». Notamment ce morceau, « 2080 », dont l’instrumentale, enrubannée de cordes à la De Roubaix, est sans doute l’une de plus belles choses ayant été gravées sur microsillon cette année.
Une soirée en deux services savoureux, auquel Nova Bordeaux vous offre des places, mais oui ! Des places à gagner via le formulaire ci-dessous, en se faufilant parmi la foule des prétendant.es, avec le mot de passe Nova Aime.
Frànçois & The Atlas Mountains + Malik Djoudi, le jeudi 16 décembre à 20h30 @ Krakatoa (Mérignac).