La grande anthropologue et ethnologue vient de disparaître, elle avait accordé deux heures d’entretien à Jean Croc et Nicolas Errera sur Nova en 2009.
« Je suis un chercheur, un enseignant », se définit-elle au micro de Nova. Modestie et précision, rappel des fondamentaux, de la part de celle qui était aussi Professeur au Collège de France, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Elle était la grande figure de l’ethnologie, prenant ainsi la suite, au Collège de France et dans les esprits, de son professeur Claude Lévi-Strauss.
Elle incarnait une sagesse et une hauteur de vue (membre du Conseil consultatif national d’éthique, présidente du Conseil national du Sida…), qui avait fait de sa parole un repère dans le débat public.
« Hommes et femmes ont les mêmes capacités physiques, cérébrales et intellectuelles »
Un grande partie de ses travaux a porté sur la domination masculine, qui existe, disait-elle, « depuis la nuit des temps ». Elle poursuivait : « alors même que cette hiérarchie entre les sexes est une construction de l’esprit et ne correspond à aucune réalité biologique. Hommes et femmes ont les mêmes capacités physiques, cérébrales et intellectuelles. Mais la domination des hommes, qui structure toutes les sociétés humaines, est partie du constat, fait par nos ancêtres préhistoriques, que seules les femmes pouvaient faire des enfants » (Le Monde, 5 novembre). Au-delà des rapports sociaux, elle avait placé le corps centre de ses recherches anthropologiques. Selon elle, la réappropriation de leur corps par les femmes était, sous nos latitudes, la « révolution essentielle » de ses dernières décennies.
Tout récemment, à propos des témoignages #balancetonporc et #metoo, qui avaient fait suite aux révélations de l’affaire Harvey Weinstein, elle disait : « Je trouve ça formidable. Que la honte change de camp est essentiel ». Elle venait de publier un livre de confidences, Au gré des jours (éditions Odile Jacob).
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