Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Gabriels, Angels & Queens (Part. 1)
Nous savons, chères auditrices, chers auditeurs, l’amour que vous portez à Gabriels, ce trio californien fait de caresses soul, de coffre gospel, d’humeurs groovy, qui chante la tendresse qui se forge, la haine qui se dissipe, la joie qui devient le spleen, le trop-plein qui entraîne la très grosse émotion. Nous savons que vous avez versé quelques larmes, bercé quelques espoirs et monté le son en entendant, sur Nova, la voix réparatrice de Jacob Lusk qui chantait « Love & Hate in a Different Time », « Bloodlines », « One and Only » et plus récemment « Angels & Queens ». Nous savons, chers amis, que vous aimerez au moins autant que nous ce nouvel épisode de l’aventure Gabriels, dont la première partie d’Angels & Queens, le premier album du trio, sort aujourd’hui. Gloire aux anges et à ceux qui les prient, aux reines et à ceux qui les couronnent, à ceux qui savent chanter ce que les autres ne parviennent parfois qu’à murmurer.
Björk, Fossora
Nous parlions de reine et en voilà une autre, gigantesque. Celle-ci ne vient pas de l’imaginaire d’un trio californien, mais des contrées d’Islande, d’où elle gravite, depuis plus de quarante ans, dans un monde qu’elle a contribué à forger au gré d’albums rares, atypiques, expérimentaux, avant-gardistes. Des albums björkiens, doit-on dire, tant ce que propose l’artiste islandaise ne ressemble à rien d’autre, va chercher au plus profond de son imaginaire pour bâtir des mythologies qui lui sont propres, s’appuie sur ce qui est douloureux (les deux derniers albums de Björk, dont Vulnicura, pansaient les plaies d’une séparation amoureuse) pour relancer une créativité qui semble ne jamais devoir ralentir. Ce nouvel album, Fossora (un néologisme renvoyant, en islandais, à l’idée de « creuser »), a été composé aux côtés d’un groupe… de techno indonésien, projet sur lequel elle s’appuie pour rendre hommage à ses ancêtres, ses descendants, la terre de feu et de glace qui les relie. Le tout sous un emballage fait de percussions païennes, de clarinettes basses, de chants perchés… d’explosions gabbers. Björkien, on l’a dit.
Shygirl, Nymph
Le sacré, encore, incarnée par une Nymph plus moderne que moderne. Sur son premier album, la Londonienne Shygirl, cofondatrice du label Nuxxe (Oklou, Sega Bodega, COUCOU CHLOE) poursuit sa destructuration en règle du R&B, de la pop, des musiques électroniques hybrides et transgenres. Au programme : liberté sexuelle, luttes féministes, romances des temps modernes, avec moins de barrières, plus d’air et une vision plus optimiste de ce que pourrait incarner l’idée du paradis (“heaven”, tube tout doux). Vite, le futur !
Gilbert Cohen et Judah Warsky, L’Aurore
Deux artistes bien connus de Radio Nova — le producteur et DJ Gib’R, ancien programmateur de notre antenne, et le chanteur et musicien Judah Warsky — s’associe pour un album qui pourrait bien vous rester en tête « tout le temps, tout le temps, tout le temps”). Des ritournelles, de la poésie douce et limpide, de très bonnes idées et une ode à ces fêtes que l’on croit subir alors que l’on sait bien que ce sont parfois elles, avec toutes leurs contradictions, qui nous font vivre. « L’appel du pied » vous donnera certainement envie de mettre de côté, pour cette semaine encore, la volonté du couché-tôt censé recharger les batteries. Favorisez la rue de l’Évangile, la Gare des Mines, la rue d’Aubervilliers, le son qui vous chope et le pied, puis le kick, qui vous appellent. Et guettez, depuis la folie douce, l’arrivée de L’Aurore.
Freddie Gibbs, Soul Sold Separately
Autre genre, autre flow (grosse intro sur “Couldn’t be done”, featuring Kelly Price), saluons aussi en ce vendredi 30 septembre la sortie du cinquième album de Freddie Gibbs (le premier sur un gros label, Warner, après des années en indé). L’artiste quarantenaire mêle musique soul, hip-hop et R&B sur un disque à écouter fort et qui vous fera peut-être bien headbanger sur quelques montées, comme le génial “Zipper Bagz”, et qui vous fera assurément triper sur le très cool “Rabbit vision”. À noter aussi : la présence de James Blake, qui s’invite sur ce disque en produisant le morceau “Dark Hearted”.
Prince Waly, Moussa
Bastien, me dit Romain, l’album de Prince Waly est sorti. Il est génial, il faut en dire un mot, tu crois pas ? Attends, Malo Le Fur, notre super stagios rédac du moment, était à la release hier. Malo, c’était comment ? « Hier, entre émotion et énergie débordante, Prince Waly divulguait son nouvel album Moussa, introduit par la voix d’Arthur Teboul, chanteur du Feu! Chatterton. Après trois années d’absence, marquées par un cancer, le prince est de retour. Et il le fait bien. Quatorze titres, beaucoup d’invités, et une envie bienveillante de partager son projet. Sourire ému, Moussa nous prévient : “Le Walygator continue son marathon”. Merci Prince Walo.
Joyce with Mauricio Maestro, Coração Sonhador
Terminons par un saut dans le temps. Le label Far Out Recordings ressort aujourd’hui le dernier single de l’album Coração Sonhador (“Le cœur qui rêve”, joli titre) paru en 1977 et égaré depuis bien longtemps. Écrit par Mauricio Maestro et Claudio Guimarães, « Coração Sonhador » est chanté par Mauricio Maestro et présente les arrangements orchestraux de Claus Ogerman, des solos de Joe Farrell (flûte) et Michael Brecker (sax), ainsi que des performances stellaires de Buster Williams (basse), Nana Vasconcelos (percussions) et João Palma (batterie). Une merveille hors sol et hors temps qui rappelle que la bossa nova, mêlée à un psychédélisme très seventy, est sans aucun doute la musique la plus belle du monde (à égalité avec d’autres).