La capitale du crime ?
À force de flingues et de mines patibulaires, le XXe siècle a élu la Grosse Pomme comme LE lieu des fusillades et des faits divers, à égalité avec Chicago. Manhattan= Manahata, le cimetière maudit des Indiens !
De Chinatown à Little Italy, en passant par le Meat Market, le Bowery, le port, le Bronx, Harlem, Brooklyn ou le Queens…ces lieux devenus mythiques furent des places de légendes, de faits divers sanglants.
Thriller
Avec les années 20, la prohibition et l’arrivée du cinéma expressionniste, ce lieu ultra-photogénique donna naissance à un cinéma de genre : le « thriller », avec des films policiers contrastés, en noir et blanc.
Des falaises d’immeubles, des escaliers de secours, des culs de sac, des quais interminables et des gratte-ciels himalayens, pour en rajouter sur cette mégapole qui donne le vertige : Gotham City, Batman en fit un opéra gothique flamboyant et vertigineux.
Mais tout en bas, au ras du bitume, le théâtre de la rue fut intense et « Asphalt Jungle » exista aussi, avec ses junkies, ses travestis, ses speakeasy, ses bookmakers, ses théâtres, ses stars.
La légende de Broadway (encore un vieux sentier indien !) ses girls, ses revues, ses playboys, producteurs, acteurs, chanteuses, mais aussi ses journalistes, ses indics, ses voyeurs, arnaqueurs et souteneurs…
New York, usine à scandales
New York : une véritable usine à romans, à drames, à scandales, à folies, du Cotton Club aux stars noires : Berry Brothers, Duke Ellington, Lena Horne, Cab Calloway, Nicholas Brothers…
Avec un pareil fourneau, on pourrait trouver des évènements dans chaque ruelle, des mémoires de taxis, palaces, cinémas, avenues, grands magasins, sous-sol…
Les images de New York furent si fortes qu’un artiste comme Robert Longo réalisa des images instantanées de gangsters se faisant abattre sur les toits, comme dans les films noirs (et inspira Cindy Sherman à ses débuts) ! C’était la cold-wave qui saluait sa pègre.
La genèse de cette ville, dans son aspect « polar noir » se trouve dans des milliers d’archives photos et presse . Le XIXe siècle industriel se mit à faire des images témoins des crimes et accidents.
Les éditions de l’Iconoclaste sortent leur troisième tome sur le sujet, avec les collections de la Police de New York : une centaine de dossiers du XIXe et XXe siècles, images et évènements, comme une sombre mémoire de l’Amérique dans ses dérives criminelles…
Police de New York. 200 ans de crimes et faits divers. Éditions l’Iconoclaste (collection dirigée par Bruno Fuligni), 450 pages (plus de 400 photos noir et blanc), 29 euros. Textes de Bernard J Whalen, Philip Messing et Robert Mladinich.
Visuels (c) : Robert Longo / L’Iconoclaste