Cette écrivaine, scénariste et réalisatrice parisienne imagine un autre « Bureau des Légendes », capable de résoudre tous les mystères depuis l’apparition de la vie sur Terre jusqu’à la séparation de Daft Punk.
« Ses parents lui ont parlé de leur rencontre insolite, de leur amour improbable, de sa naissance impensable, en vrac, sans chronologie, comme on raconte les histoires vraies, en ajoutant ou en retranchant des éléments selon les soirées, leur auditoire et leur niveau d’ébriété. Parfois, par pudeur, ils oubliaient volontairement un détail (…) » Que savons-nous exactement de la somme de détails involontaires et de circonstances difficiles ou amusantes qui présidèrent à notre naissance ? Voudriez-vous retracer, jour après jour, rue par rue, les premiers mots échangés, les premiers rencards de vos vieux ? C’est le pari romantique du troisième roman de la Parisienne Garance Meillon, Les corps insolubles, qui vient de paraître dans la collection « L’Arpenteur » de Gallimard.
Circulant dans Paname à l’arrière d’une moto pilotée par son mec, Camille, son héroïne « un peu austère par nature », tente de rassembler les pièces du dossier psycho-géographique qui poussèrent son père, fan des Stones et fils d’immigrés tunisiens ayant grandi dans une barre d’immeubles de la banlieue parisienne, à tomber amoureux – et réciproquement – de sa mère, lectrice de Kerouac et fille de gaullistes coincés de la banlieue dijonnaise. Contrairement à l’eau et l’huile, ces deux-là ont su se mélanger.
À bord de L’Arche de Nova, Garance Meillon, écrivaine, scénariste, script-doctor et réalisatrice de 33 ans prolonge ses recherches autour de la notion d’improbabilité en imaginant, pour chaque pays, la création prochaine d’un « Département des Problèmes Insolubles », capable de résoudre tous les mystères depuis l’apparition de la vie sur Terre jusqu’à la séparation de Daft Punk, en passant par l’élévation des pyramides d’Egypte, le vol MH 370 ou la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès. Tout-tout-tout, vous saurez tout sur le réel. Mais comment continuer à inventer des films et des romans après ça ? Pour y réfléchir, Garance re-brasse les faces de son Rubik’s Cube d’anticipation.
Réalisation : Mathieu Boudon.
Image : Ovni(s), de Clémence Dargent & Martin Douaire (2021).