La chanteuse stambouliote s’apprête à sortir un album forcément très politique.
Il y a des moments, comme ça, où l’on exhume un passé plus qu’un autre, et où l’on reparle d’une tendance qui avait, jusqu’alors, quasiment disparue des conversations. En musique notamment, ça fonctionne comme ça. Ainsi, depuis quelques mois, on reparle avec assiduité du rock anatolien (que certains appellent aussi anadolu pop), cette tendance qui permit, dans les années 70, au rock et à la pop des Anglo-Saxons de rencontrer la musique folklorique des Turcs. Quelques groupes, fondamentales en Turquie et ailleurs (Moğollar, Erkin Koray, Baris Manço…) ont surfé sur cette vague qu’ils avaient contribué à inventer, une vague sur laquelle se retrouvent, quelque quarante ans plus tard, d’autres projets dont on vous a déjà parlé ici, sur ces pages.
Ce fut le cas notamment d’Altin Gün, le projet d’un néerlandais actif (Jasper Velhust fut également le bassiste du psychédélique Jacco Gardner), qui, passionné par cette musique qui convoquait, alors, des temporalité si vastes, s’était lancé dans la relecture de ces sons des 70’s, longtemps demeurés poussiéreux, dressant des points entre Turquie et rock / pop anglo-saxonne.
Dans cette mouvance, on doit également évoquer la chanteuse Gaye Su Akyol, turque pour sa part, une artiste sur le point de sortir son troisième album ce vendredi. Contestataire et habitée, la stambouliote continue, dans la lignée de son second essai, Hologram Imparatorlugu, qui avait déjà beaucoup fait parler, à faire bouger les lignes.
Au sein de la Turquie totalitaire d’Erdoğan, un disque immensément courageux, comme le confirme le morceau « Meftunum Sana », que l’on vous livre aujourd’hui en grande exclusivité, et avant la sortie, demain, de son album Istikrarlı Hayal Hakikattir, disque post-punk, électronique, psychédélique, spatial, empli de saz turcs et de claviers occidentaux. La liberté, une fois encore.
Gaye Su Akyol sera également en concert le 28 octobre, au New Morning.
Visuels : (c) Aylin Güngör