Le départ d’une figure historique du féminisme. Gil Won-ok, l’une des dernières “femmes de réconfort” encore en vie, s’est éteinte à l’âge de 95 ans. La sud-coréenne a parcouru le monde pour témoigner du système d’esclavage sexuel mis en place par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale, dont elle a été victime.
La Corée du Sud pleure l’une de ses icônes féministes historiques. Gil Won-ok avait 95 ans et elle n’a jamais cessé de militer pour la paix et les droits des femmes. Elle était, malgré son grand âge, de tous les rassemblements et de toutes les manifestations. Gil Won-ok, qui s’est éteinte à son domicile de Séoul, était l’une des dernières « femmes de réconfort » en vie.
Un système d’esclavage sexuel de masse
Les « femmes de réconfort« , c’est cet euphémisme employé au Japon pour désigner les victimes, souvent mineures, du système d’esclavage sexuel de masse organisé à travers l’Asie par et pour l’armée et la marine impériales japonaises, en particulier durant la Seconde Guerre mondiale. Selon les historiens, le nombre de victimes de ce système est estimé à plusieurs dizaines de milliers, voire plusieurs centaines de milliers. Les femmes ne venaient pas uniquement de Corée du Sud : d’autres originaient de Corée du Nord, Chine, Taïwan, Philippines, Indonésie ou des Pays-Bas. Officiellement, ces victimes ont fait l’objet de ce système dans l’objectif de réduire le nombre de viols sur le front et empêcher la propagation des maladies sexuellement transmissibles parmi les soldats.
Ce dossier, qui donne lieu à une intense campagne des négationnistes au Japon, reste une plaie dans les relations entre Tokyo et Séoul, et revient régulièrement dans l’actualité. Surtout, le Japon n’a jamais présenté d’excuses formelles et n’a donc jamais proposé de réparations quelconques. Les organisations qui dénoncent les agissements du Japon ne parlent pas de « femmes de réconfort » mais d’ »esclaves sexuelles« …
« Une militante pour les droits des femmes et la paix »
Malgré leur supplice, les survivantes de ce système ont joué un rôle important dans le mouvement féministe, particulièrement en Corée du Sud. Gil Won-ok a parcouru le monde pour témoigner de son expérience, faire connaître la réalité des « esclaves sexuelles » lors de conférences. Le quotidien sud-coréen Hankyoreh salue “une militante pour les droits des femmes et la paix […] En visitant bien des pays comme le Japon, la Suisse et les États-Unis, elle a témoigné de son expérience afin de faire connaître la réalité des ‘femmes de réconfort’ à la fois en Corée du Sud et à l’étranger”. Gil Won-ok aura attendu toute sa vie un dédommagement juridique de la part du gouvernement japonais… Interrogée par Hankyoreh, Lee Yong-soo, une autre survivante, raconte : « Toutes les anciennes ‘femmes de réconfort’ victimes de l’armée japonaise attendaient un dédommagement juridique de la part du gouvernement nippon. Un mal indicible me déchire le cœur quand je pense à mes amies qui sont parties sans en recevoir. »