Petite, elle rêvait de danser Le Lac des cygnes. En grandissant, elle a constaté que c’était un vœu impossible à réaliser pour les jeunes filles noires de son Afrique du Sud natale. Après avoir étudié la danse à Parts, l’école d’Anne Teresa de Keersmaeker, Dada Masilo se fait remarquer par ses relectures iconoclastes du répertoire classique dont elle s’approprie les codes et qu’elle revisite en mêlant joyeusement la danse sur pointe, la danse contemporaine et de puissantes influences africaines, non sans humour. Vous vous souvenez sans doute de son remarquable Lac des cygnes pour lequel elle laisse se déchaîner sa folie: musique de fusion et gestuelle survoltée…
Travaillant sur quatre continents, Dada Masilo est une enragée des grands mythes de la scène et aime jeter des sorts aux icônes. La revoici avec Giselle créée en 2017. Pièce emblématique du ballet classique, immanquablement répertoriée dans les chefs-d’oeuvre. Du ballet original, Dada Masilo conserve cette trame, qu’elle aborde sous un angle féministe drôle et pleine de tonus.
Une fois de plus, cette ballerine intense, affûtée et charismatique, brise les tabous. Si l’on connaît le titre, on ignore parfois l’histoire : une jeune fille qui meurt après avoir été trahie par un homme et ne peut reposer en paix. Elle se transforme en wili, fantôme féminin condamné à sortir de la tombe et à danser toutes les nuits. Ainsi le veulent les esprits des morts en Afrique qui ne laissent pas les vivants en repos.
Giselle de Dada Masilo une pièce de groupe virevoltante et contemporaine, précise et volontaire, envoûtante et impérieuse qui dresse un portrait d’une héroïne vengeresse. Des thèmes forts comme le chagrin et la vengeance se télescopent sur scène dans une gestuelle d’une rare inventivité. Elle réunit autour d’elle une magnifique compagnie, soutenue par la partition de Philip Miller qui emprunte au classique et aux percussions africaines.
Dada Masilo aime la danse qui danse. Sa Giselle est définitivement de notre temps. L’artiste une fois de plus s’amuse du passé pour nous raconter le monde tel qu’il est au présent. A voir !
Des places pour le mardi 2 sont à gagner juste en dessous grâce au mot de page de la page Facebook Nova Aime !
Mardi 2 à 20h30 et mercredi 3 avril à 19h (de 15 à 38 €). Durée 1h50 avec entracte.
Théâtre Molière – Scène nationale archipel de Thau: Avenue Victor Hugo
34200 Sète