Le trio de jazz psyché britannique Glass Beams sort un nouveau single hypnotique, « Mahal ». Un voyage serpentin à travers notre inconscient.
Une guitare serpentine louvoie entre nos oreilles. Les échos d’un lointain sitar rappellent une Inde mythique. Trois silhouettes aux masques d’or chantent des chœurs dans une langue inconnue. Cette cérémonie psychédélique, c’est celle de « Mahal », le nouveau single de Glass Beams.
Les gars de Glass Beams se sont fait connaître avec Mirage, leur premier EP sorti en 2021. Des sonorités mystiques, entre jazz-rock réverbéré style Khruangbin — le groupe texan qui revisite le rock psychédélique du monde entier —, basse disco et musique classique indienne. Un mélange original, qui leur a permis de conquérir un public pointu, parmi lesquels la DJ Jayda G — qui avait mixé un de leurs titres — et Gilles Peterson (retrouvez son célèbre WorldWide sur Radio Nova).
Le leader du groupe, dont le père est indien, raconte ses influences : « J’étais à la recherche d’inspiration lorsque je me suis souvenu d’un DVD que mes parents avaient acheté : Concert For George « . Un concert organisé en hommage à George Harrison des Beatles, lors duquel Ravi Shankar, ami de George et maître du sitar, avait convié un orchestre indien complet. C’est donc une énergie similaire à celle du rock psychédélique des 60’s, qui empruntait aux sitars, tabla et autres tempura, qui habite Glass Beams.
L’éveil de la Kundalini
Dans la mystique hindoue, la Kundalini est un serpent logé à la base de notre corps, dont le réveil et l’ascension le long de notre colonne vertébrale permettrait d’atteindre l’Éveil. Glass Beams lui fait prendre vie : la section rythmique hypnotique et le sitar se conjuguent pour nous envoûter, pendant que la guitare serpente peu à peu dans notre esprit, jusqu’à nous faire totalement basculer.
Ce serpent primitif, qui sommeille en nous, n’attendant que d’être éveillé pour nous faire franchir les portes de la perception, est un archétype partagé par un nombre étonnement large de cultures ; l’anthropologue Jérémy Narby l’appelait « Serpent cosmique » dans son livre au titre éponyme. Ouroboros, Sesha, Apophis, Jörmungand… ou même le cerveau reptilien, siège de nos comportements pré-rationnels.
Et, pour rester dans le registre des 60’s, comment ne pas penser à Jim Morrison et son alter-ego, le « Lizard King », ou encore les paroles du classique « The End » — dont les morceaux de Glass Beams partagent cette ambiance mystique sombre — « The snake is long, seven miles/Ride the snake… he’s old,/And his skin is cold« .
Prochaine étape de ce voyage sinueux : leur prochain EP, Mahal, prévu pour le 22 mars, et leur concert le 2 avril à La Belleviloise à Paris.