Non, tout n’est pas toujours de la faute de Wikipédia.
“On s’est aperçus que Google Maps mentait.” Jean-Christophe Victor, producteur de l’émission Le dessous des cartes, nous a quitté mercredi 28 décembre. Mais avant de partir, le pape de la cartographie géopolitique a décidé de nous lâcher une dernière info, et pas des moindres. Il venait tout juste de publier Le dessous des cartes Asie (Arte éditions/Tallandier), et à cette occasion racontait le 25 décembre à Libération ses recherches lors de la réalisation de cet atlas.
Recherches au cours desquelles il s’était notamment aperçu que Google Maps qui fait désormais office de référence, semble tracer les frontières en concordance avec la volonté des pays concernés, et non selon les standards de la communauté internationale.
Par exemple, la frontière sino-indienne a une fâcheuse tendance à se déplacer. Objet de conflit, elle apparaît comme chaque pays le souhaite en Chine et en Inde. Mais comme le rappelle Rue89 , le compte Twitter @Amazing_Maps, avait remarqué que lors d’une recherche faite depuis l’Allemagne, la zone contestée apparait en pointillés.
“On a demandé à des chercheurs chinois, japonais, indiens de faire des tests, et on a pu voir que si vous êtes à Pékin, vous avez une certaine frontière dans l’Himalaya et qu’à Delhi, vous en avez une autre, racontait le chercheur. Le même problème existe sur la représentation du Sahara occidental, du Chili, de la Crimée, d’Israël… Google accepte de faire disparaître des territoires entiers pour conquérir des marchés. C’est une profonde malhonnêteté intellectuelle.”
Où est donc la Palestine ?
En août dernier, un faux scandale avait envahi internet, arguant que l’appellation “Palestine” avait disparu des cartes, ne laissant que “Israël”. Google avait répondu qu’un bug avait supprimé les appellations “Bande de Gaza” et “Cisjordanie”, mais que l’appellation Palestine n’avait jamais existé, dans le respect des termes de l’ONU.
Donc la frontière chinoise est à géométrie variable, mais pour la Palestine, on se réfère à l’ONU. Serait-ce parce que Google n’y a aucun intérêt financier ? Si c’est le cas, il serait temps de se demander s’il est bien sage de laisser notre référence en matière de cartographie dans les mains d’une entreprise qui regarde le monde par le prisme de son portefeuille.