La revue de presse de Marie Misset du 2 janvier.
Tous les matins dans Plus Près De Toi, Marie Misset fait sa revue de presse. Et tous les matins également, on la retrouve désormais aussi en ligne sur Novaplanet, cette revue de presse, écrite en ligne comme elle est dite à l’antenne.
Au début, j‘ai voulu être peut-être légère dans cette revue de presse du 2 janvier 2017.
Parler de pommeau de douche intelligent et sournois qui vous dénonce quand vous utilisez trop d’eau – petit objet célébré par La Croix ce matin – ou évoquer des casques réfrigérants, découverts dans Le Parisien, que le Qatar a mis au point pour que les ouvriers cessent de mourir littéralement de chaud sur le chantier du Mondial 2022.
Mais l’atmosphère un peu lyrique et grandiloquente qui règne dans les journaux ce matin a planté sa graine chez moi, je vais donc vous parler… de guerre et de paix
Tout commence avec un appel à la non-violence lancé dans les tribunes de La Croix.
Jean-Marie Muller, philosophe, reprend le programme de promotion de la non-violence du Pape François (on est bien dans La Croix). Il s’est époumoné le pape, hier 1er janvier pour la journée mondiale de la paix, une journée mondiale dont Istanbul n’a pas vu la couleur.
Pour Jean-Marie Muller la non-violence n’est surtout pas une fuite, une façon de nier le conflit, ce n’est pas déserter le combat, au contraire, la non-violence est une lutte. Et c’est la seule lutte qui rende les négociations possibles.
Là où, toujours d’après Jean-Marie, ce qui caractérise le plus grand nombre de conflits, c’est précisément qu’ils rendent toutes négociations impossibles.
Ces mots antiguerre rencontrent un écho très particulier quand on enchaine avec la lecture du dossier spécial du Monde de ce week-end, consacré aux 15 ans de l’attentat du Wall Trade Center.
« Quand vous commencez à recourir à la violence, vous ouvrez la boîte de pandore ». Ce sont les mots du reporter de guerre, prix Pulitzer et écrivain Chris Edges, qui dit notamment un truc qui fera bondir dans les chaumières. En parlant des terroristes, « ces gens ont appris à parler le langage que nous leur avons enseigné ».
En tout cas, le plus étonnant – ou pas – dans ce dossier du Monde, c’est de découvrir que les gens qui haïssent le plus la guerre sont ceux qui l’ont vu de près : reporters de guerre donc mais surtout les soldats et leurs familles.
C’est le cas du pilote d’hélicoptère Tim Leroux par exemple, qui servit à Mossoul avec le général Petraus et se consacre désormais exclusivement à l’accompagnement des Afghans, Irakiens et Syriens immigrés aux États-Unis.
Longtemps pro-guerre en Irak il confie au Monde, « lorsque que quelqu’un encore aujourd’hui défend cette invasion, cela me parait être de la pure folie »
Ce dossier du Monde sur les 15 ans du 11 septembre finit par ces mots peut-être prophétiques de Chris Edges : « le problème des empires, c’est qu’ils s’étendent au-delà de leur capacité et finisse par s’écrouler de l’intérieur … »
Sauf que parfois, faire en sorte qu’un pays s’écroule de l’intérieur est une stratégie, d’apprenti sorcier certes, mais une stratégie parfaitement théorisée et expliquée dans le dernier numéro de La Revue Dessinée.
La Revue Dessinée réserve de longues pages de BD au concept de guerre révolutionnaire : cette doctrine française, beaucoup utilisée lors de la guerre d’Algérie et importée ensuite pas l’armée américaine et qui consiste à transformer les civils en arme, souvent en désignant un ennemi de l’intérieur.
Une stratégie qui a fait ses preuves – très sanglantes – au Rwanda.
« Cette septième arme aurait dû rester dans les livres d’histoire, écrivent les auteurs de la bd, mais les événements actuels pourraient en décider autrement »
Dans le Monde, un des immigrés afghans aidé par Tim Leroux et qui croit -malgré tout – au rêve américain – en est la preuve vivante : il raconte qu’il s’est fait viré de son poste de vigile dans une université parce qu’une étudiante effrayé par ses yeux noirs et son teint buriné, s’était plainte de son apparence trop arabe.
Visuels : (c) DR