C’est un compositeur de génie, sorti de l’oubli par le travail acharné de Jannis Stürtz, DJ berlinois, qui publie sur son label Habibi Funk des merveilles des années vinyle.
Cette année, 8 ans après « Musique originale de films Vol 1 », de nouveaux inédits de Malek sortent sur le deuxième volume de cette compile.
Il était surnommé le « Ennio Morricone algérien »
Les jeunes ne le connaissent pas mais les anciens s’en souviennent très bien. Ahmed Malek est Algérien (et aussi Algérois, puisqu’originaire d’Alger) et c’est un peu par hasard que Jannis Sturtz, le fondateur du label Habibi Funk l’a découvert en 2012, alors qu’il voyageait au Maghreb.
Immédiatement, Sturtz se passionne pour la musique d’Ahmed et va mener une enquête minutieuse sur les traces du Ennio Morricone algérien, suivant l’obsession des occidentaux de toujours associer à sa culture celle des autres. Sturtz découvre alors qu’Ahmed est le fils aîné d’une fratrie qui a perdu sa mère alors que ce dernier avait douze ans.Il doit alors très vite aller travailler à l’usine mais il fréquente quand même assidument le conservatoire et gravit tous les échelons, du pupitre à la direction d’orchestre, et ce dans presque tous les registres.
Ahmed Malek, c’est la BO de l’Indépendance algérienne
Il a rythmé le quotidien des Algériens dans les années 1970 et 1980 avec des thèmes brassant jazz, funk, reggae et musiques africaines. Dans une Algérie libérée du joug français depuis 1962, dans le milieu de la musique de film, il était incontournable. Son nom était de tous les génériques, aussi bien les films que les téléfilms, tant et si bien qu’il aurait au total composé plus de 200 Bandes Originales.
On trouve encore quelques précieuses copies originales de ses bandes-originales dans les bacs à vinyles d’Alger ou d’Oran.
Ceux qui ont connu ces années connaissent ses mélodies, même si son nom leur échappe. Il a représenté à plusieurs reprises son pays lors d’événements internationaux, comme pour l’Exposition Universelle au Japon, au Canada, à Cuba et en Espagne.
Il a employé sa notoriété à créer encore mieux
Ahmed Malek profite des voyages que lui offrait son statut en Algérie pour digger des disques à la recherche du son différent, singulier et rare.
C’est pour cela que la musique qu’il ne faisait pas pour ses films relevait d’une expérimentation constante, avec des samples de bruits du monde, et des essais électro acoustiques. Il n’aura jamais le temps d’en faire un album.
Cette année sort le deuxième volume d’ « Habibi Funk »
Lors d’un DJ set à Beyrouth où le label Habibi funk jouait des classiques de la musique en arabe en vinyle, les membres du label mentionnent Ahmed Malek et une femme affirme alors connaître sa fille à Alger. Ils la rencontrent, elle leur fournit des photos, des vidéos et des morceaux inédits et il y a 8 ans, sort alors une première compilation de ces musiques de films sur le même label Habibi Funk.
Avec des inédits à des années lumières de tout cliché de musique d’ambiance. On y croise du jazz psychédélique, ou bien quelque chose de Mulatu Astatke (dont on parlait hier sur Nova), mais aussi du reggae, de la pop, de la funk et de la bossa.
Vous pourrez donc écouter le deuxième volume de cette merveilleuse compilation d’Habibi Funk, et même voir, revoir, le documentaire PLANET MALEK réalisé par Paloma Colombe, programmatrice musicale, DJ, réalisatrice, diggeuse, chroniqueuse et mélomane revendiquée. Pour ce documentaire, Paloma est partie à la rencontre de la famille du compositeur, lancée sur la piste d’un géant que les plus jeunes ne connaissent pas, mais dont les anciens se rappellent très bien. Nova en parlait déjà dans un article publié en 2019, à retrouver sur Nova.fr.