Trois heures de taf quotidien, au max ? Des salaires compris entre 1500 et 6000 euros, pour tous ? Un candidat à la présidentielle qui s’engage pour revitaliser notre droit à la paresse ? C’est le programme de cet écrivain marseillais, auteur d’un roman énergiquement utopique.
« Nous ne laisserons plus le travail nous imposer sa loi. Nous ne serons plus des fourmis laborieuses, pressées, empressées, compressées. » Dans Paresse pour tous, son troisième roman publié la semaine dernière aux éditions Le Tripode, Hadrien Klent conte la campagne présidentielle d’un économiste marseillais, Emilien Long, qui pourrait bien de devenir le nouveau maître des horloges de l’Elysée en 2022 – sans bouger le petit doigt, ou presque. Depuis son hamac avec vue sur la Méditerranée, ce prix Nobel crée l’événement avec un essai qui réactive les thèses de Paul Lafargue et son célèbre Droit à la paresse ; en 1883, ce journaliste français dénonçait déjà « cette folie de l’amour du travail, la passion morbide du travail, poussée jusqu’à l’épuisement ». Emilien Long appelle les Français.es à « construire leur propre rapport au temps, ne plus le subir », en les incitant par la suite à devenir « tous candidat.es » à ses côtés.
Trois heures de taf par jour, quinze maximum chaque semaine. Dans le bouquin, l’idée fait son chemin en passant par les travaux de grands hostiles au labeur imposé : Sénèque, Breton, Aragon, Debord, jusqu’au Comité invisible de Tarnac. « L’utopie est là : devant lui. » Des « ateliers du temps libre » essaiment partout en France, le samedi après-midi, pour réfléchir « à une société plus mûre, dégagée de l’esclavage salarial ou autoentrepris ». L’emporteront-ils ?
De Klent, nous savons peu de choses : cet homme vit à Marseille, écrit sous pseudonyme et aime « la mousse au chocolat, l’humour subtil, les îles bretonnes ou l’écrivain chilien Roberto Bolaño ». C’est à bord de L’Arche de Nova qu’Emilien Long a choisi d’officialiser sa candidature à l’élection présidentielle. Très énergique (pour un paresseux professionnel), le personnage évoque, par la voix tonitruante de son créateur, le bouleversement du code du travail, des salaires mensuels encadrés et son prodigieux slogan : « Travailler moins sans gagner moins. »
Réalisation : Mathieu Boudon.
Pour écouter notre précédent plaidoyer en faveur de la paresse, signé Luc-Michel Fouassier, c’est là : https://www.nova.fr/news/luc-michel-fouassier-demain-les-feignasses-simposeront-mollement-42229-23-11-2020/
Image : Gaz de France, de Benoît Forgeard (2015).