« Don’t worry, be happy » … Be happy ! Ho, hé, BE HAPPY, BORDEL ! Soyez heureux, ou rendez l’âme dans le fossé. On pourrait résumer ainsi cette injonction forcenée au bonheur, aussi insupportable que le « Happy » de Pharrell.
Qui peut être contre le bonheur ? Personne, a priori. Mais de quel bonheur parle-t-on ? De quoi ce bonheur contemporain est-il le nom ? Peut-il se réduire à cet objectif obligé, cette vitrine dûment publicisée de la réussite individuelle, à ce slip en diamant à atteindre en 12, 15 ou 24 étapes selon votre habileté à avancer sur les cases de ce jeu de l’oie new age capitaliste ? Ça serait sympa que non, mais disons qu’à en croire les hectares de forêts rasées pour imprimer des méthodes de développement personnel et l’instagrammisation de nos vies, ça n’en prend pas vraiment le chemin.
Récemment dénoncée par Edgar Cabanas et Eva Illouz dans un bouquin baptisé Happycratie. Comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, cette culture du bonheur, qui conçoit le Brave New World sous soma d’Aldous Huxley comme un didacticiel plutôt que comme un avertissement, sera mise en question à Cap Sciences pendant une heure avec deux philosophes.
D’une part, Benoit Heilbrunn, professeur de marketing à l’ESCP Paris, auteur de L’obsession du bien-être, qui développe l’idée que la notion de confort est devenu une fin en soi, marchandisée par des marques qui en ont fait une arme de satisfaction massive, jouant sur l’émotionnel et l’expérientiel.
Et d’autre part, la multi-casquette Mathilde Ramadier (diplômée d’arts graphiques, autrice, traductrice et scénariste), à qui l’on doit Bienvenue dans le nouveau monde, qui parle de sa propre expérience de l’univers et du mindset (sic) merveilleux des start-ups – un bouquin dont on peut être certain que Maxime Barbier ne l’a jamais ouvert (ne parlons même pas de le lire).
Alors, heureux.se ?