Entretien avec l’excentrique néo-soulman.
Un nom de scène d’homme canon, un gout très approximatif en matière de pull-over et un physique loin des canons traditionnels du soulmen. Voilà à première vue ce qu’on pourrait dire d’Har Mar Superstar mais ce ne serait pas rendre justice à l’homme qui aurait du être élu chanteur le plus sexy de cette fin d’année 2013 (le regard de Juliette Lewis ne laisse que peu de doutes). Avec Bye Bye 17, le natif du Minnesota débarquait dans le game de la soul avec classe. Un album syncrétique où se mêlaient parfaitement soul, funk et du rock bien burné. Sean Tillman, de son véritable nom, aurait pu s’arrêter là mais le bonhomme a décidé de s’ériger aussi en bête de scène au fil des concerts donnés. Un loup-garou de la soul dont les habits ne se déchiraient pas à la pleine lune mais en plein live. Il nous a accordé une interview et nous a parlé de cette dernière galette avant d’étaler son mojo sur la scène de la Maroquinerie.
Tu peux nous parler du titre de ton dernier album, Bye Bye 17 ?
Je suis très fier de ce disque, il marque une étape importante dans ma carrière et dans ma vie. C’est un album qui m’a fait grandir en tant que personne et en tant que musicien, notamment au niveau vocal. Je venais, aussi, de quitter Los Angeles pour emménager à New York, c’était une période assez mouvementé et je prenais un risque mais le résultat ne me laisse finalement aucun regret. Ce disque c’est un peu comme avoir 18 piges aux Etats-Unis, tu peux enfin te barrer de chez toi, acheter des clopes et ne plus aller au lycée. J’ai eu l’impression de tourner une page en quelque sorte.
Ta discographie est assez riche en termes de styles, est-ce que tu as trouvé ton identité sonore avec ce dernier album ou n’est-ce finalement qu’un amour passager avec la soul ?
Je pense que je n’aurai pas pu enregistrer cet album auparavant. Premièrement parce que ma voix manquait d’une certaine maturité pour avoir ce son et je ne voulais pas évoquer certains sujets dans mes chansons. J’ai réussi à réaliser toutes ces choses sur Bye Bye 17. J’ai fait de nombreux albums sous différents noms mais celui-ci est définitivement mon préféré. J’ai envie de rester dans ce son, cette orientation un peu soul, pour encore quelques temps.
Justement pourquoi cette orientation soul ?
C’est une musique que j’ai toujours aimée mais je sentais que ma voix n’était pas encore prête, il m’a fallu quelques temps pour avoir les « cojones » de le faire. Je ne ressemble pas tellement au chanteur de soul typique. J’ai du prendre le temps pour dépasser ça. Mais je suis vraiment heureux du résultat.
L’album est sorti sur le label de Julian Casablanca (le guitariste des Strokes), a t-il eu une influence ?
Au début je lui avais apporté un tas de d’enregistrements et on a rebossé un peu le mixage ensemble et on a ajouté d’autres choses. Il m’a aussi présenté Shawn Everett qui a insufflé à l’album un son magnifique, un peu daté et crado à souhait. Donc on peut dire qu’il a eu une influence sur ce disque. Mais j’ai enregistré la majeure partie des titres avec Jim Eno (batteur du group Spoon) et Julian estimé qu’il n’y avait pas tellement de choses à changer, il trouvait que les chansons avaient déjà une essence à laquelle il ne fallait pas toucher. Il avait confiance et m’a laissé une grande liberté.
Il semble que jouer devant un public te procure le même effet que la colère chez Hulk, vous finissez tous les deux en slip, que représente pour toi le live ?
J’aime cette énergie que peut t’apporter un public. Quand j’écris une chanson, je me demande toujours quel sera le résultat live. Parce que c’est de cette manière que j’ai toujours pensé la musique. J’ai toujours fait des groupes avec la finalité de jouer devant une foule. Je pense toujours un titre dans une optique collective et non personnelle. C’est vraiment très important pour moi.
Il y a toujours un peu de second degré dans ce que tu fais, que ce soit avec Har Mar Superstar ou lorsque tu fais des apparitions lors de show TV. C’est un personnage pour toi ?
Je ne le sens pas vraiment comme ça, je suis Har Mar. Il a grandi avec moi, ce n’est pas un personnage que j’ai inventé. Je laisse juste libre cours à mes envies et quand j’écris des spots ou d’autres choses avec Har Mar, c’est ne que moi. Mais si je devais en faire un personnage, il serait complètement lamentable pour qu’on puisse bien se foutre de sa gueule.
Je vois que tu as un sweat aux couleurs du label Daptone, tu aimerais bosser avec eux ?
J’adorerai ! J’aime beaucoup tout ce qu’ils font et leur groupe maison, les Dap-Kings. Ce serait vraiment chouette mais ils ne m’ont pas encore appelé.