Vous n’aimez pas le métal ? Et si le Hellfest avait tout de même des choses à vous offrir…
Il ne fait même plus frémir les vieilles dames tant il est devenu un rendez-vous qui brasse les curieux comme les true metalheads, le Hellfest est, après déjà 14 éditions, un événement majeur de la musique live en France.
N’en déplaise aux puristes, le festival, qui se déroulait ce week-end, accueille de plus en plus de non initiés. Le public se rajeunit et se féminise, échappant ainsi aux préjugés dont souffre souvent la scène métal. Ils sont maintenant nombreux ceux qui profitent de 3 jours d’une programmation dense et non-exclusive pour élargir leurs horizons musicaux.
Et c’est exactement ce qu’on est allé faire de notre côté, afin de rencontrer, en papillonnant entre les 6 scènes du site de Clisson, les formations (plus ou moins) métal qui pourraient toucher le coeur des auditeurs de Nova, peu habitués aux riffs rageux. Voici donc cinq groupes qui ont fait groover les enfers au Hellfest 2019.
NOVA TWINS
Aucun lien, soeurs jumelles ! Au delà d’un patronyme, on partage avec les deux anglaises, un certain goût du mélange. Amy Love et Georgia South pratiquent ce qu’elles appellent de l’urban punk, l’une à la basse, l’autre à la guitare et au chant. Un chant tantôt rappé, tantôt scream et saturé, qui renvoie aux Beastie Boys comme à Rage Against The Machine.
Les jumelles balancent sur scène une folle énergie et un féminisme-dans-ta-face, bien d’actu. On les a découvert sur clips il y a près de 2 ans, mais il aura fallu attendre de les voir sur la mainstage du Hellfest pour prendre la mesure de leur force de frappe. Programmées sur la scène principale à 11h40 (une heure où beaucoup de festivaliers lézardent encore au camping en attendant les headliners), ces Thelma & Louise autoproclamées ont relevé le défi et le public présent en a ressenti l’onde de choc.
ENVY
Clairement pas une découverte, puisque la formation japonaise a posé les premiers jalons de son screamo en 1992. Mais il est impossible de faire l’impasse sur la prestation des hommes de Tetsuya Fukagawa lors de ce Hellfest. Déjà parce qu’ils se font trop rares sur le sol français (une seule autre date prévue à Paris le 15 décembre). Mais surtout parce qu’il s’agit certainement du plus beau live de cette édition.
Sur la scène de la Valley, Envy nous a prouvé qu’ils avaient fait évoluer leur style tout en gardant l’hypersensibilité qui les caractérise. Ils nous livrent un post-rock sophistiqué en perpétuelle mutation, développant des mélodies mélancoliques pour les pousser jusqu’au point de rupture. Du sublime au déchirement, le grand-huit émotionnel d’Envy a ravi le public, qui ne s’y est pas trompé.
THE INTERRUPTERS
C’était la récréation, la parenthèse ensoleillée du jour 1 de cette édition. Et elle nous vient bien évidemment des côtes californiennes. En 2 albums seulement, les quatre de The Interrupters se sont imposés comme la relève du punk à damier. Doc Marten’s et bretelles obligatoires pour sautiller sur le son ska des petits protégés de Tim Armstrong, leader de Rancid et boss du label Hellcat Records.
La filiation avec Rancid est tellement évidente, qu’ils n’hésitent même pas à reprendre un court Timebomb sur scène, comme un hymne de la scène ska-punk. Le classicisme de leur compositions en fait des tubes instantanés. Et la bonne humeur contamine vite la masse noire attroupée devant la scène. Ils avouaient sur scène ne pas savoir à quoi s’attendre en jouant dans un festival métal. Mais les gros durs ont aussi besoin de voir la vie en couleurs.
ALL THEM WITCHES
Très attendu par les fans de stoner et de desert rock, le trio du Tenessee, était au rendez-vous de sa réputation. Épurée et intransigeante, la musique de All Them Witches déroule une autoroute de paysages américains et d’histoires cabossées. Les fantômes du blues veillent sur leurs héritiers et approuvent les ballades sombres et rugueuses que le groupe laisse dans son sillage.
Sur scène, on a trouvé le plus petit kit batterie de tout le Hellfest. Une grosse caisse, un tom, une cymbale, un charley. Ça contraste avec la débauche d’accessoires de nombre d’autres groupes. Avec peu, on construit des cathédrales chez All Them Witches. La créativité prend moins de place dans le tourbus…
THE FEVER 333
On finit tout de même cette visite au pays des musiques extrêmes en durcissant le ton. C’est qu’on se prendrait au jeu… On a rugi sous le soleil en découvrant les trois fous furieux de FEVER 333. Une formule efficace chant-guitare-batterie qui pousse le curseur du rapcore très très haut.
Ils osent la rage et évitent la pose. Ils mettent dans leur musique tout ce qui leur passe par la tête, du beatbox aux samples de chorales. Ils assurent le chaud (ça transpire autant dans le public que sur scène) et quittent la scène dans le chaos et la furie, en nous rappelant au passage que la scène métal est bien plus inclusive qu’on veut nous le faire croire. Un cri de liberté qui fait du bien aux tripes.