Paru en 1983 en Afrique du Sud, alors que son interprète, ne vivait plus sur le territoire depuis 18 ans, « In the Music, The Village Never Ends » l’album de Letta Mbulu.
Certains attendent l’âge adulte et le renfort de l’expérience pour monter sur scène. Lette Mbulu, elle, pratique les planches depuis l’adolescence. Née en 1942 dans le township de Soweto en Afrique du Sud, Letta Mbulu entame son parcours sonore avant sa majorité, lors d’une tournée nationale au sein de la comédie musicale, King-Kong. En 1967, elle se place pour la première fois dans les collections de mélomanes sudaf avec Letta Mbulu Sings, première mention d’une carrière qui continue de s’écrire de nos jours.
Comme la légende du Jazz de Joburg Hugh Masekela, et toute une génération d’artistes noirs sud africain, Letta Mbulu décide de fuir les lois liberticides de l’apartheid et fait le choix de s’exiler aux États-Unis. Sur place, elle retrouve rapidement le chemin des studios d’enregistrement et y forme une relation de confiance et croise avec le producteur Quincy Jones, collaboraqteur de Michael Jackson qui lui propose de chanter sur le célèbre morceau du King of Pop « Liberian Girl ».
In the USA, the Music Never Ends.
Son succès dans les studios américains ne l’empêche pas de garder un œil attentif à la situation en Afrique du Sud. C’est donc depuis les USA que Letta Mbulu participe à la résistance culturelle anti-apartheid. La chanteuse et parolière signe des morceaux qui, derrière un vernis disco-boogie-funky, se cache des sous-textes engagés. Son album In the Music… The Village Never Ends se diffuse en Afrique du Sud via le label Moonshine qui fera circuler les morceaux uniquement en physique, sous forme de cassette et de vinyle, car l’album n’a pu échapper à la censure sur les ondes radio.
Ses chansons passées au peigne fin par les autorités sud-africaine sont pour la plupart bannies des bandes FM, et sont principalement diffusées dans des lieux d’écoutes éloignés des regards ou des oreilles indiscrètes, des shebeens des arrières cours clandestines où les populations noires se réunissaient pour danser en secret.
La censure aillant fait son boulot insonorisant, on ne peut pas affirmer que cet album est un succès à sa sortie en Afrique du Sud. À tel point que quand Letta Mbulu revient au pays, vingt-six ans après son départ en 1991, tout juste un an après l’élection de Nelson Mandela, Letta Mbulu constate que bon nombre d’habitants sur place découvrent tout juste son répertoire, à nouveau autorisé sur les fréquences. À vous maintenant de redécouvrir ce Sweet Juju car l’album est bel et bien toujours autorisé sur les ondes.