Un album qui a failli toucher le fond.
Nova accoste les rives de la Mersey, proche de Liverpool, à la rencontre d’Orchestral Manœuvres in The Dark, formation électro new-wave britannique formé en 1978, devançant ainsi de quelques longueurs des groupes comme Soft Cell ou Depeche Mode qui navigueront dans les mêmes eaux.
Deux ans et quelques changements de casting plus tard, OMD publie son premier album : Orchestral Manœuvres in The Dark, un succès dû en particulier à deux morceaux fait tubes au Royaume-Uni et au-delà, “Electricity” et “Messages”. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. On réclame un second album, il arrive la même année. Organisation est mis à l’eau le 24 octobre,et le single “Enola Gay” supplante les précédents sommets du groupe. Une trajectoire de comète.
Page Blanche en haute mer.
Dans la musique, le pire qui puisse arriver à un groupe, c’est de ne jamais percer. Le deuxième, c’est de percer, mais de ne plus rien avoir à dire par la suite. C’est ce problème qu’ont connu les OMD après leur démarrage en fanfare de la décennie 80. En 1981, leur troisième album Architecture & Morality, séduit la critique et donne raison à leurs fans qui peuvent enfin dire à leurs potes qui refusaient de les écouter : « Tu vois, j’avais raison, c’est le groupe du futur ». Quel cap pour la suite ?
Au sein de l’équipage, on ne retient pas son souffle pour la suite. Les OMD sont touchés par le syndrome de la page blanche, un manque d’inspiration que vous avez forcément connu avant une dissertation de philo, à la différence qu’eux, ils ont un nouveau label à contenter (le groupe est passé d’indépendant, à la maison Virgin Records) et une armada de fan grandissante à satisfaire.
C’est justement via une armada que l’inspiration viendra. Une flotte de bateaux plus précisément, des navires de guerre, recouverte de motif visant à les camoufler, qu’on appelle Dazzle Ships. C’est Peter Saville, graphiste collaborateur de Joy Division qui suggérera à la bande d’OMD ce thème, après être entré en contact avec un tableau d’Edward Wadsworth, qui représenté ses fameux navires militaires aux motifs zèbres visant à les camoufler.
Flotte, mais jamais ne sombre.
Derrière le camouflage de ce Dazzle Ships, OMD abrite une implication politique renouvelée. C’est un disque profondément ancré dans son époque, chargé en références au conflit majeur qui mobilisait le globe, la guerre froide, un conflit ou les belligérants se devait d’avancer dissimulés pour ne pas provoquer d’escalade, et communiquer via des ondes radios cryptées. On peut les capter ces fréquences sensibles, dans les titres Radio Prague ou Time Zones, qui donne à l’auditeur l’impression d’avoir intercepté des signaux faibles destinés à des espions envoyé derrière le rideau de fer.
Finalement, l’album Dazzle Ships est un échec commercial. Les galettes sont renvoyées par les disquaires au label, le public n’accroche pas à leur disque-concept entre fiction radiophonique et largage de torpilles new-wave. De plus, le groupe n’arrive pas à masquer leur passage de l’indépendant à une major (vécu par une trahison par certains), cela même en inventant le label fictif Telegraph.
Même s’il a pris quel impact sur la coque, ce Dazzle Ships reste cité comme une influence majeure par toute une flotte d’artistes qui suivront dans le domaine de la musique inspiré de l’électroacoustique, comme Saint-Etienne ou Moby… La preuve qu’un navire peut se perdre en mer pendant des années et tout de même arriver à bon port. Un vaisseau électronique amarré à l’histoire.
Finalement l’album Dazzle Ships est un échec commercial, les CDs sont renvoyés par les disquaires à la maison de disque, le public n’accroche pas, mais l’album est cité comme une influence majeure par énormément d’artistes qui suivront, comme Saint Etienne ou Moby… La preuve qu’un navire peut se perdre en mer pendant des années et tout de même arriver à bon port. Un vaisseau électronique amarré à l’histoire.