Avec Super Rich Kids, Frank Ocean chantait les sommets et les tréfonds d’une jeunesse dorée désabusée, prise dans une spirale d’addictions.
Les mentions à la consommation de drogue sont fréquentes dans la discographie de Frank Ocean. Parfois, il présente la marijuana comme des vacances pas chères, seules soupapes que les strates les plus pauvres de la société peuvent s’offrir. Et à d’autres moments, il la présente comme ce qui alimente les pulsions autodestructives de kids nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
C’est le sujet de « Super Rich Kids », un morceau inspiré du film Traffic de Steven Soderbergh, où la fille d’un riche officier du bureau anti-drogue américain se plonge dans une spirale d’addiction. « Super Rich Kids »raconte les sommets, les montées, et le bonheur artificiel qu’elles créent, et les bas abyssaux que toutes les richesses du monde ne peuvent éclairer.
Pour « Super Rich Kids », Frank Ocean collabore avec Earl Sweatshirt, un collègue du crew de rap californien Odd Future monté par Tyler The Creator – Earl Sweatshirt est lui-même sujet à des épisodes de dépression et à la consommation de dope. Son couplet, il l’a enregistré en étant malade et défoncé, ce qui ne se remarque pas vraiment, et fini par servir le morceau parce que, d’une part, Earl a souvent un ton détaché quand il pose, et que son attitude désinvolte colle parfaitement à la thématique désabusée du titre.
« Super Rich Kids », c’est un tube, un des moments forts de l’album Channel Orange, qui arrive à utiliser la force d’un groove répétitif, pour servir le propos : des prises de drogues rapprochées et répétées, des lignes blanches qui ne guideront jamais les interprètes à ce qu’ils cherchent dans tout ça, un real love.