Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, mais sans jamais oser le demander
Nova sort un roman, et un salé !
L’auteur Frederic Joignot , Libé, Puis Actuel , puis Le Monde a tout vu, tout lu, tout bu et il nous le raconte, jusqu’à la lie…
Dans cette histoire échevelée, il romance (à peine) la folie des libertaires, des libertins, de ceux qui n’ont pas voulu arrêter la spirale de la libération sexuelle ! Un véritable parcours du combattant.
Partouzes, échangisme, bi-sexualité, drague, porno, sex-shop, frénésie, jusqu’à l’épuisement, ou plutôt jusqu’à la punition du héros : perte progressive de l’érection, angoisse et déconfiture générale !
Mais pour en arriver là, FJ nous raconte des histoires drôles, sophistiquées, absurdes, dégénérées autour du désir et du sexe, avec détails, bizarreries, dérapages, blocages, mais aussi des descriptions précises, anatomiques et crues.
Enfin un auteur qui y va, franchement, et à fond.
Ça ne fait pas livre de cul, ni voyeur, ni sexy, c’est autre chose : entre les réflexions d’un vrai baroudeur du sexe, mais doublé d’un curieux, d’un observateur finaud, un récit découpé par étapes, plein de moments de vérité et aussi d’angoisse.
Car Joignot ne cesse de se questionner, de douter, tout en faisant l’amour tant qu’il peut. Tantôt il s’éclate, tantôt il rame, l’amour est capricieux, absurde, le désir se déplace, nous échappe, nous surprend.
Le mauvais partenaire devient le bon, puis se lasse, puis ressurgit. L’amour physique est totalement incohérent, contradictoire, absurde et ça ne s’arrange pas avec le temps. Et si en plus le baiseur olympique perd sa virilité sans comprendre ni pourquoi ni comment, alors c’est comme une chute dans un puits.
Bien sûr il y a des solutions médicales, des médicaments miracles, mais le naturel n’y est plus, la flamme vacille et le héros aussi. Même malin, débrouillard, inventif, organisé, le baiseur est destiné à perdre la partie.
En prime, FJ aime une chérie plus que toutes les autres, mais là encore, il ne manque pas de la détruire, l’inquiéter, la laisser insatisfaite.
L’organisation idéale de deux amoureux libres, vivant séparés, sans enfant, ayant des moyens et des idées, finit, malgré des trouvailles inventives, et des exploits tantriques, par se casser la gueule.
Ce récit est aussi tragique: les méchants diront « l’échec total de la libération sexuelle », tamponné par un pionnier de la première heure. Car FJ parle vraiment d’expérience ; je le connais depuis 1975 ! D’où le réalisme, la vivacité et la force des histoires, il lui a fallu des décennies pour récolter ces perles de vie, de sexe.
Frédéric Joignot et Jean-François Bizot
Impossible de révéler le moindre détail de ce scénario tragique qui tuerait cette aventure paroxystique, mais sachez qu’il est sans appel ; car le plaisir accompli et les fantasmes épuisés, que reste-t-il ?
Bien sûr le héros entrevoit une autre vie, plus sereine, plus apaisée, mais ce ne serait pas lui, ou ce serait trop tard. Là encore de beaux passages sur la femme, la sagesse ou la plénitude.
Il a mordu la femme, le serpent, la pomme, le péché à pleines dents – il est contaminé, maudit et puni.
Mais enfin il raconte très bien, c’est fluide, drôle, juste, bien vu et bien senti… Si tous les romans étaient aussi dynamiques et culottés, rythmés et aussi bien écrits, les critiques littéraires seraient plus heureux.
Amen.
Maladie d’Amour, Frédéric Joignot.
NOVA éditions, 300 pages .
(FJ édite aussi la revue Ravages et tient un blog « Je ne pense qu’à ça »)