Leopardi, le pénétrant.
Il faut lire Giacomo Leopardi et surtout sa « théorie du plaisir », dans laquelle il déclare que : « Tout est mal, tout ce qui est, est mal, l’ordre, l’état, les lois… jusqu’à la marche de l’univers… « . Il se réfère alors à ce qui n’est pas, ou pas encore…et au « non-être », vieux concept efficace des hindouistes.
Mais ne vous effrayez pas : ce poète, philosophe, littérateur génial, qui a influencé jusqu’à NIETZSCHE et CIORAN, est en fait un généreux penseur qui cherche à analyser nos problèmes et à les résoudre.
D’ou sa Théorie du plaisir, très contradictoire en apparence avec ses idées pessimistes. Par exemple : on se lasse de tout, même des plus grands luxes, alors tâchons d’être moins avides, moins matérialistes. Lorsqu’on désire un objet, un cadeau, le maximum de plaisir est avant, dans le DESIR, la quête de l’objet . La possession sera décevante et lassante. Donc préparons nous à ces échecs .
Car il le dit tout de suite : l’être humain ne désire QUE le bonheur, le bien être, l’épanouissement , mais encore faut il qu’il sache où est son bien ?
Se tromper est un désastre. Voilà pour quoi il nous faut raisonner JUSTE et bien. Il propose, soit de se contenter d’une petite vie matérielle potable. Soit de chercher dans les idées et l’esprit, un réconfort. Soit de vivre des aventures qui pourraient nous faire oublier notre condition d’insatisfaits. Bref, il n’est pas dirigiste.
Leopardi est un penseur souple, sans aucun psycho-rigidité, qui cherche les possibles et les solutions à nos maux. Il prend les problèmes par TOUS les angles, analyse les causes.. et les effets. Fils d’un comte et d’une marquise, il était bossu et faible. Ses parents ne lui donnèrent rien, à par la bibliothèque où il apprit tout, tout seul : langues et auteurs, poésie et philosophie, pour comprendre une humanité qui lui était refusée.
La radicalité de son propos, sa liberté de pensée (contrairement à Pascal, il trouve que la religion n’ arrange rien et que tous ses discours ne prouvent que le contraire de ce qu’elle prétend). Comment ne pas apprécier ce novateur (1798-1837) qui, au fond d’une obscure province italienne, à l’aube d’un siècle rétrograde et puritain, va donner une leçon de penser au monde, et sans aide ni argent, réussir à répandre ses idées pour toujours…
Il y a si peu de grands penseurs sans mécène, ni institution, sans théorie , ni morale, alors si un jour vous perdez pied, lisez calment LEOPARDI, à petites doses. Un film sur lui est sorti il y a 2 ans .
Leopardi, n’est ni punk, ni irrespectueux, il est au-delà.
L’homme vient d’ailleurs, loin des animaux , loin de la seule matérialité ,c’est pourquoi il rêve de cette origine. Mais il cherche au mieux un bonheur ADAPTE à ce qu’il est , pas absolu , pas infini, mais à sa mesure…
Modeste en plus .
Giacomo LEOPARDI. La théorie du plaisir. Editions ALLIA . 250 pages
( dont 70 de notes et commentaires ) 23 Euros.