La ligne claire du Japon ancien.
Utamaro – Les Pecheuses d’abalone
Dès le 4eme Siècle, les chinois avaient déjà une peinture impériale, exécutée au pinceau sur papier : paysages, rivières, animaux, brumes, arbres et êtres mythologiques. Pièces uniques à l’encre, avec lavis à l’eau, dégradé du noir au gris.
Quand les japonais développèrent leur imagerie, ce fut très vite en reproduction de gravures sur bois pour tout le dessin, puis des couleurs rajoutées à la main, au pochoir ou au tampon estampé.
Les œuvres japonaises devinrent vite des séries, des cartes postales, des observations minutieuses du quotidien, grâce aux nombreux tirages des gravures. On y voyait beaucoup d’intérieurs, d’objets, d’architecture, des vêtements et de coiffures ultra précises et détaillées.
Utamaro- Après le bain
Les chinois fixaient le monde pour la cour. Les japonais multipliaient les images pour le peuple. Il se vendait et s’exportait des centaines d’images colorées, idéalisant le mode de vie nippon.
Le musée Guimet montre une collection de ces fameuses estampes .L’époque EDO, surnommée poétiquement « Image du monde flottant » , qui va du 18eme siècle au milieu 19ème.
Beaucoup de femmes, geishas, courtisanes, dans de beaux intérieurs cloisonnés, en perspective serrée de panneaux, avec plafonds, planchers, pots, fleurs, baies et jardins, entourant les personnages.
Cette époque raffinée donna bientôt des images érotiques de nus féminins, puis de baisers entre amoureux, enfin d’accouplements d’amants, avec le même soin du détail que dans les imprimés de kimonos ou des coiffures, traitées cheveux par cheveux .
Harunobu – Deux amants épiés par une servante
Bien sur il y avait aussi des peintures uniques et des grandes fresques de samouraïs, cavaliers, châteaux ou pêcheurs dans des mers agitées ou encore des légendes avec monstres et êtres surnaturels.
Mais ces véritables posters ou cartes postales, ancêtres des bandes dessinées, au trait simple et clair, aux couleurs vives, montrant en prime des femmes dénudées ou alanguies, firent le tour du monde !
Les japonais sont un peuple de DESIGN, de stylisation absolue de tout. Les détails et objets y sont rois. La Forme doit être pure, simple, belle, ergonomique… Parfaitement lisible et exacte.
Un triptyque de 3 petits panneaux de format livre – album, représentent des pêcheuses de coquillages, à demi nues, aux coiffures comme des algues, vient aèrer ces séries d’intérieurs codifiés et statiques.
Un art modélisé, qui a influencé le monde.
Musée national des arts asiatiques Guimet .6, place d’Iéna. Paris 16eme – Jusqu’au 10 octobre 2016 .