Après tout, V&B organise bien son festival en Mayenne, la Fnac le sien à Paris, le Harlem Cultural Festival ’69 n’aurait pas vu le jour sans le soutien de Nescafé, et Greenroom fut le faux-nez d’une marque de bières coupées à l’eau sans que ça ne semblât poser de problème à grand-monde. Alors, pourquoi pas une application de tourisme ? Peut-être guidé par divers papiers de newsmagazines faisant leurs choux gras de l’attractivité bordelaise, Fever arrive dans le quart sud-ouest de la start-up nation avec un festival maousse, un poids lourd d’orga lancé toutes sirènes hurlantes sur nos radars. Son nom : l’Initial Festival. Arrêt prévu : le Parc des Expositions, à côté du stade, en plein air.
Au programme : deux soirs de concerts et de DJ-sets qui balaieront le spectre des générations, des influences, des esthétiques et des renommées. Collectifs locaux et têtes de gondoles internationales, vétérans disco ayant joué chez Drucker et relève underground, l’aréopage brasse large, fort de 28 artistes (mais où l’on compte peu de femmes, hélas), dont on va détailler quelques-uns des participants.
Appartenance à la maison oblige, signalons la présence du camarade rémois Yuksek, le capitaine du « Dance’o’Drome » appareillant chaque samedi sur les ondes de votre radio préférée. Des turbines électropop de ses jeunes années aux accointances tropicales dont il colore ses plus récentes et réjouissantes productions (parmi lesquelles son dernier album, Nosso Ritmo), la session promet là aussi d’être belle, surtout si on ajoute que seront aussi présents dans le Bordelais d’autres amateurs de funk enjoué, ses éclatants compères Breakbot & Irfane, protégés du label Ed Banger, revenus récemment aux affaires avec un EP, « Remedy », au bon goût groovy de reviens-y.
Sous les projecteurs, les boules à facettes et autres stroboscopes, les mélomanes de jour et les volatiles de nuit pourront aussi danser la gigue sur les sets de Bambounou, de François X, des hybridations de Joachim Pastor (mettant un tigre dans sa guitare, et sa guitare dans ses synthés), du volontiers aventureux Molécule, de l’intriguant Protée de la techno d’ici, I Hate Models, option coldwave indus et bandana à la desperado, ou encore de The Driver, nom derrière lequel les plus averti.es auront compris qu’il s’agissait d’un des alias de Manu le Malin.
Mais vous pourrez vous enjailler de même, coup d’oeil dans le rétro, sur les sons supernaturels de Cerrone, récemment connectés au Climax de Gaspar Noé ; un film dans lequel l’un des rôles principaux était tenu par un certain Kiddy Smile qui sera lui aussi à pied d’oeuvre, sur scène, durant cet Initial Festival décidément très rassembleur.
Et Dave Clarke, vous connaissez Dave Clarke ? Mais bien sûr, répondront celleux qui l’ont régulièrement croisé aux platines de la Radio Nova – exemples ici en 1996 ou en 2001. Pour les autres, sachez que cet Anglais découvert chez R&S Records a su rester droit dans ses bottes, fidèle à une vision cérébrale de techno et à une franchise tout-terrain détonant dans un milieu électronique ayant du mal à délier sa langue. Un Anglais capable, aussi, de dégainer ce genre de remix faramineux, augmentant et annulant son modèle original de la meilleure des manières : par le haut, par un fourmillement de détails indispensables.
Résumons : Dave Clarke, Kiddy Smile, Yuksek, I Hate Models, Cerrone, Breakbot, et bien d’autres, seront réunis au Parc des Expos, le temps d’un weekend estampillé dancefloor à tout va. Un spectaculaire diptyque électro dont la Radio Nova vous ouvre l’accès, avec des pass deux soirs pour l’intégralité de cet Initial Festival. C’est ici, maintenant, tout de suite, ci-dessous, avec le sésame Nova Aime.