À votre avis, ça sonnerait comment un featuring entre les Clash, Kate Bush et Damon Albarn et 997 autres artistes britanniques ? Vous risquez d’être un peu loin du compte, parce que la réponse est un album de 47 minutes et 17 secondes… de silence. Baptisé « Is This What We Want ? », le projet entend défendre le droit d’auteur face à l’IA et protester contre les mesures du gouvernement de Keir Starmer.
Les titres entièrement générés par intelligence artificielle envahissent massivement les plateformes de streaming, tant et si bien qu’ils représenteraient 10% des nouveaux morceaux. Résultat : celleux qui écoutent ont le sentiment de se faire tromper, et celleux qui se cassent la tête à composer se font toujours plus remplacer par des robots. Imaginez que, par dessus le marché, le gouvernement soutienne activement l’IA et facilite la tâche aux promoteurs de musique artificielle.
« Is This What We Want ? » : face au bruit, il y a toujours le silence
Vous n’avez malheureusement pas à imaginer longtemps, parce que ce phénomène se déroule sous nos yeux, au Royaume-Uni… Sauf que les artistes britannique ne sont pas près de se laisser faire. Plusieurs d’entre elles et eux ont eu l’idée de créer le projet Is This What We Want ?, un album commun de 12 pistes… complètement silencieuses. C’est le son muet de 1000 artistes britanniques grondent en silence. Le chiffre n’est pas là pour faire joli : ce sont littéralement 1000 artistes qui se sont réunis pour ce long-format. Cette armée comptent parmi ses rangs pas moins que les Clash, Kate Bush ou Damon Albarn, mais aussi Jamiroquai, Hans Zimmer , Ed O’Brien (de Radiohead), ou Cat Stevens par exemple.
Une réaction face aux mesures du gouvernement de Keir Starmer
La tracklist épelle, titre par titre, un message implacable : « The / British / Government / Must / Not / Legalize / Music / Theft / To / Benefit / AI / Companies » (« Le gouvernement britannique ne doit pas légaliser le vol de musique au profit des sociétés d’intelligence artificielle« ). Une réaction aux récentes activités du gouvernement travailliste de Keir Starmer, qui prévoit d’appliquer « une exception au droit d’auteur » pour entraîner les modèles d’IA à des fins commerciales. Ce qui se traduit donc par un assouplissement des règles pour que les entreprises n’aient plus besoin d’avoir à priori l’autorisation des auteurs pour utiliser certains de leurs contenus pour nourrir leurs IA. Le créateurs auraient, selon le texte, la possibilité de s’y opposer mais ce n’est pas encore clair. En fait, le gouvernement de Keir Starmer veut faire du Royaume-Uni un « leader mondial » de l’IA, et a annoncé mi-janvier un plan d’action pour attirer les entreprises du secteur en leur laissant tester sur le territoire britannique l’étendu de leurs innovations, avant toute régulation.
La communauté artistique contre-attaque
En parallèle de cet album silencieux, une trentaine d’auteurs et artistes, comprenant les chanteurs Elton John, Sting et Dua Lipa ainsi que le prix Nobel de littérature Kazuo Ishiguro ont publié une lettre ouverte dans le journal The Times (« Protéger le droit d’auteur au Royaume-Uni face à l’IA« ). Et les contre-attaques du monde de l’art s’apprête aussi à débarquer en France. Au début du mois, 34 000 artistes français ont signé une tribune mettant en garde contre le pillage de leurs œuvres et réclamant des « solutions justes et pérennes« . En attendant, Is This What We Want est disponible sur toutes les plateformes et pour les plus courageux⸱ses ou méditatif⸱ves qui iront lui ajouter des streams, sachez que les profits du projet seront intégralement reversés à l’association Help Musicians, qui accompagne les musiciens tout au long de leur carrière !