Cette semaine dans La Potion, deux sœurs sorcières : l’écrivaine Isabelle Sorente, à l’occasion de la sortie de son nouveau roman, « La Femme et L’Oiseau » (ed. JC Lattès) et la musicienne Flèche Love avec nous dans La Potion pour un live onirique et mutant, quelques jours avant la sortie de « Naga Part. 2 », son nouvel EP.
Isabelle Sorente, la métamorphe
Née à Marseille en 1972, Isabelle Sorente s’est d’abord passionnée pour les mathématiques et la physique, univers à part entière qui allait la conduire à devenir major aux Mines de Paris, polytechnicienne et pilote à l’École Nationale de l’Aviation Civile. Experte dans l’art de la métamorphose, Isabelle Sorente s’est ensuite tournée vers le théâtre puis vers l’écriture en publiant “L” en 2001, son tout premier roman. Hasard ou pas, force est de constater que le thème de la transformation revient sans cesse, comme un leitmotiv magique, depuis son entrée en littérature, mais aussi celui de la difficulté de s’épanouir du point de vue spirituel dans notre société capitaliste entièrement tournée vers la performance de soi.
Pourtant, il semble qu’Isabelle Sorente ait trouvé une méthode sur-mesure pour traverser la vie en magie même si pendant longtemps, dit-elle, la spiritualité lui faisait l’effet d’un vêtement trop grand. En 2018, l’écrivaine publiait notamment Le Complexe de La Sorcière, un roman-enquête passionnant qui croise deux dimensions. La première historique, sur les traces des chasses aux sorcières dont le trauma s’est transmis en imprégnant aussi profondément qu’inconsciemment la psyché de toutes les lignées de femmes européennes ; la seconde plus intime, où l’autrice se livre à fleur de peau sur son adolescence, en conversation avec une aïeule sorcière. Tous les romans d’Isabelle Sorente naissent d’une vision et c’est encore le cas du dernier en date, La Femme et l’Oiseau, paru début septembre aux éditions JC Lattès, un douzième roman magnétique que j’ai lu d’une traite… comme sous l’emprise d’un sortilège.
La Femme et l’Oiseau, c’est l’histoire de Thomas, 91 ans, rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, un Malgré-Nous enrôlé de force à 17 ans dans la Wehrmacht puis emprisonné dans le camp de Tambov, en Russie, un homme mystérieux qui communique avec les oiseaux et semble lire dans les pensées. Arrive ensuite Elizabeth, sa petite nièce, qui tente de survivre à son burn out et de quitter son uniforme de parfaite petite soldate et enfin Vina, l’arrière-petite-nièce, une ado HPI et violente qui finira par trouver le salut dans la forêt, la compagnie et les dons du vieil homme. Là encore, il est question de magie et de traumas transgénérationnels, de liens mystiques au vivant et de métamorphose… Autant d’indices semés à notre attention qui valaient bien une invitation dans La Potion.
Flèche Love, sorcière berbère 2.0
Flèche Love, une artiste très singulière, tatouée de la tête aux pieds. Fille d’immigrée algérienne, berbère, Amina pour les intimes est née et a grandi en Suisse, à Genève. Une double culture tantôt vécue comme une chance et tantôt comme une malédiction. En 2019, Flèche Love sortait Naga Part 1, un disque déroutant qui ira même jusqu’à interpeller Rachid Taha, qui l’invite à partager ce qui allait être son tout dernier duo.
Le 15 octobre prochain Flèche Love sortira Naga Part 2, sept nouveaux titres qui font échos aux sept chakras et naviguent entre les mondes, mêlant dans son chaudron des sons électroniques un peu mutants à des cordes élégantes, des percussions tribales et à des chœurs profonds. En voici un avant-goût sur Nova avec Flèche Love, en live, dans La Potion, avant de la retrouver sur scène le 25 novembre à La Luciole à Alençon puis le 26 novembre à La Maroquinerie à Paris.