Vie et mort du modèle italien.
Au milieu des années soixante, les italiens rois du DESIGN, du costard et de la voiture décapotable ont cru avoir trouvé la formule magique. De quoi ?… Du spectacle, de la fascination, de ce qu’il fallait réunir pour qu’un large public soit satisfait et paie sa part de rêve. La ville moderne de verre et d’acier, les véhicules aérodynamiques, les armes létales, les femmes libérées, étaient la base du cocktail. La sensualité et le danger devaient servir de catalyseur à ce mélange qu’ils croyaient explosif comme de nitroglycérine.
En réalité, il fallait copier JAMES BOND, les super héros et le culot des bandes dessinées. Le chic, l’action, l’imagination.
En 1965, Elio Petri réalise « La Dixiéme victime » avec URSULA ANDRESS en tueuse psychédélique qui roule en JAGUAR type E et Marcello Mastroianni en héros playboy doublé d’un gourou blond platine ! Sur une nouvelle de ROBERT SHECKLEY, – génial parodiste de la spéculative fiction, qui a aussi imaginé les martiens voyous (repris dans « Mars attack »)- c’est une sorte de critique du monde futur.
Les Marques en sont à sponsoriser pour la télé des assassinats en pleine ville. A la fois pub, jeu, défouloir et contrôle de la violence . (Scénar connu depuis les CHASSES du COMTE ZAROFF). Tourné en décor de ville déserte, de show room « mode et design », les femmes en tenues COURREGES des pieds à la tête, les hommes en CARDIN, cette sarabande finit en mariage à l’italienne ! (bien que le héros ait déjà femme et maitresse : la rare ELSA MARTINELLI.)
Ce délire de MODE ( toutes les filles casquées et bottées en ciré futuriste), de SECTE et de DECO reste un modèle du genre, réputé pour son jusqu’au boutisme POP. En 1966, Antonio Margheriti réalise « Lighting Bolt », Operation Goldman en français ?!… Modèle de James Bond série B avec femmes stylées, body rouge, ninjas, savants criogenisés, laser destructeur et fusée spatiale, le tout tourné dans une brasserie ( pour les cuves et tuyaux), mais dans une esthétique ultra léchée de carte postale.
Couleurs poussées, grain de pellicule sablé et lumière satinée ajoute à l’artificiel de ce film fantôme ou ni scénario, ni réalisme ne viennent au secours d’une action désincarnée, purement stylisée. Du film modèle de Petri (très mid sixties) à la photocopie couleur de Margheriti ( nettement plus années 50), même recette, même jolies filles qui se ressemblent, même soin du cadrage, des lumières et d’une esthétique figée en couleurs acidulées ou vives.
Mais comme le rappelle le sage : trop de style finit par tuer le style.
_La dixième victime d’Elio Petri (1967) Couleur . 1h 32
diffusion Carlotta. Version restaurée . *Sortie nationale – le 28 janvier *débute au Champo . 51 rue des écoles. Paris 75005.( à suivre)
_Operation Goldman ( 1966) de Antonio Margheriti . DVD Couleur
avec bonus ( voss et français).Diffusion Artus Fims