La légende Terry Callier est décédée hier, à l’âge de 67 ans. Retour sur une carrière en dents de scie, entre moments d’oubli et feux des projecteurs…
Il était l’ami d’enfance de Curtis Mayfield et Jerrry Butler ; le chanteur Terry Callier s’est éteint hier, partant avec toute sa drôle d’histoire, sa trajectoire alambiquée et sa voix de velours.
Plongé très jeune dans la soul et le doo wap, Terry Callier enregistre son premier titre à seulement 17 ans. Après avoir assuré les premières parties de stars comme Gil Scott-Heron ou George Benson, il ne rencontrera pas le succès qu’on lui avait pourtant prédit, au point qu’il se résignera à travailler comme informaticien… pendant 20 ans. Pendant 20 ans et les heures de gloire de l’acid-jazz auxquelles Terry prêtera sa voix.
Un grand monsieur s’en est allé hier.
Il était passé chez Nova en 2009. Souvenir.
Une légende, un symbole, un prêtre de la soul. Nombreux sont les superlatifs pour parler de la voix si caractéristique de Terry Callier. Pourtant, oublié par le monde de la musique et snobé par le succès dans les eighties, c’est dans les 90’s et la grande vague acid jazz et trip hop que Terry Callier est redécouvert et rappelé à la scène.
Il faut garder à l’esprit que les gens qui ont mis George Bush au pouvoir deux fois d’affilée sont toujours là !
En 2009, le musicien de Chicago fait un retour remarqué avec son album « Hidden Conversations », 5 ans après « Lookin’Out ». Rien de plus personnel pour un personnage si envoûtant que de s’arrêter dans les locaux de Nova et y répondre à quelques questions.
Si Terry Callier estime que le monde dans lequel nous vivons n’a pas changé depuis Adam & Eve, il est admiratif qu’un type comme Obama puisse avoir été élu président de la première puissance mondiale. Malgré son enthousiasme, Terry ne s’enflamme pas : « C’est un vrai pas en avant mais il faut garder à l’esprit que les gens qui ont mis George Bush au pouvoir deux fois d’affilée sont toujours là ! ».
Terry voit également plus loin que le bout de son nez et dit plus s’intéresser à ce qu’il se passe en Chine ou en Inde, notamment au niveau du business, des finances. Terry sait ce que c’est que de tomber de son piédestal, on ne l’y reprendra pas deux fois.
Lorsqu’on lui demande la différence entre le Terry Callier d’aujourd’hui et celui des débuts (45 ans de « carrière », tout de même !), il répond par une anecdote : « Je regardais il n’y a pas longtemps la couverture de mon premier vinyle et la différence est dans le choix de la photo. Je regarde cette photo et je me dis que j’étais très jeune et très naïf ! ».
A l’époque, il était léger, Terry. Ça marchait pour lui, il faisait des chansons sur les relations humaines, les civilisations. Aujourd’hui il est plus avisé. Plus mur.
Ce changement, s’il devait le dater, il le placerait le jour où il a vu pour la première fois en concert son idole, John Coltrane. Il ne fera plus jamais « du Coltrane », mais bien du Callier. Chacun à sa place, chacun son style. Et là il put enfin être lui-même.
OK pour le passé ; et l’avenir ? Le prochain album, est-ce qu’il y pense ? « Là on était à Tokyo pour quelques jours… J’ai entendu de la musique là-bas qui ressemblait à l’énergie du R&B dans les 60’s et 70’s, mais avec un aspect très contemporain, très novateur… ».
Si Terry Callier ne répond pas clairement, on comprend qu’il a l’oreille alerte, ne se limite pas et de se nourrit de tout ce qu’il peut.
Il était jeune et naïf, il s’en est allé mur et avisé, à l’âge de 67 ans. Pas énormément d’info sur son décès, si ce n’est que son corps a été retrouvé inanimé chez lui, à Chicago, ce dimanche.
Paix.