Un hommage sincère au cinéma US des années 80 peut-il rebooster la comédie française ?
Je ne sais pas quel âge a Malik Bentalha, mais je sais dorénavant ce qu’il regardait quand il était gamin. Curieusement des films sortis avant même sa naissance. Pour preuve, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde, son premier film derrière la caméra, avec l’aide de Ludovic Colbeau-Justin se réclame plus qu’ouvertement du cinéma d’aventures du début des années 80, d’A la poursuite du diamant vert aux Indiana Jones. Sur le papier, il y avait quelque chose d’assez improbable dans ce projet, la probable revisite de ces classiques américains par la jeune génération d’humoristes français. Entre l’idée qu’une comédie d’aventure française veuille rivaliser avec les blockbusters hollywoodiens ou même ce nom de héros à deux balles, l’initiative laissait présumer une volonté de parodie, et peut-être d’un résultat un peu cheap.
On avait tout faux. Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est à prendre au premier degré que ce soit dans les ambitions de la réalisation, peu courante dans la production française, ou la marque d’un amour profond d’un savoir-faire à l’américaine.
Donc, Jack Mimoun n’a rien d’un film à la « one-again » ?
Loin de ce qui n’aurait pu être qu’une imitation en carton-pâte tournée en studio à Boulogne Billancourt, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde revendique pleinement ne pas vouloir se moquer de ses modèles, mais être pleinement dans l’hommage, voire la nostalgie de ce cinéma mêlant divertissement et spectaculaire, jusqu’à s’inspirer idéalement de son écriture, de la trame aux seconds rôles en passant par une musique à la John Williams. C’est à peine s’il y a une hybridation avec certains archétypes de la comédie à la française, notamment dans le personnage titre, semi-escroc gouailleur façon titi des técis, qui va devoir devenir héros malgré lui. Curieusement, c’est d’ailleurs quand il s’attache à ces origines locales, entre autres, par ses dialogues qui tendent trop vers l’obligation de faire des vannes, que Jack Mimoun et les secrets de Val Verde montre quelques faiblesses. Rien qui n’empêche un véritable et audacieux pari, au dela de celui économique, quand Bentalha et sa troupe prennent le risque de s’adresser à un public ado d’aujourd’hui qui n’a pas les mêmes références culturelles, lui proposer un film d’action qui réfute la norme actuelle d’une ironie. Auprès de qui Jack Mimoun et les secrets de Val Verde pourraient avoir l’air d’un cinéma périmé, malgré l’abattage de comédiens (notamment François Damiens et Jérôme Commandeur) en très grande forme ou la ferveur de la très visible sincérité de Bentalha dans son projet. En fait, au delà d’un mérité succès public qui conforterait l’idée que les vieilles recettes sont aussi universelles qu’encore très consommables, la vraie récompense que l’on puisse souhaiter à ce film, serait qu’il finisse par connaître un remake hollywoodien.
En salles le 12 octobre