« Secret le mieux gardé » de l’afro-groove hexagonal, le fils de Manu Dibango suggère de remplacer les cours de physique ou de biologie par des leçons de compassion, pour davantage de tolérance et de savoir-vivre.
« Nous sommes la nouvelle race et on s’en tape, vraiment. Poing en l’air, poing en l’air. » Le refrain réactive des combats intemporels, plus que jamais dans l’air du temps. Second single du premier album en préparation du musicien français James BKS (pour« Best Kept Secret »), le remuant New Breed, sorti en novembre dernier, hymne afro-groove tissé par une agréable kora, réunit les fulgurances du patron new-yorkais Q-Tip, le flow désinvolte de l’Anglaise Little Simz et le charisme viril de l’acteur, rappeur et DJ britannique Idris Elba, célèbre pour son rôle de gangsta rigoureux dans la série The Wire. Lequel déclame, dans son couplet sur le pillage de l’Afrique colonisée : «Nous allons vous montrer que tout ce que vous avez volé vit et respire. Ce qui a commencé avec nous finira avec nous. Regardez-nous dans les yeux, vous aurez vraiment peur de cette nouvelle race qui descend de la montagne. Nous n’avons peur de rien. Que l’esclavage aille se faire foutre. Ceci n’a rien d’un film hollywoodien. Nous allons trancher la gorge de l’ancien système. Et si vous n’êtes pas avec nous, vous feriez mieux de courir. »
Mais que savons-nous de ce « secret le mieux gardé » parmi les beatmakers du moment, premier artiste signé sur le tout récent label d’Idris Elba, 7Wallace Music ? Compositeur pour Snoop, Puff Daddy, Ray Lema ou Ismaël Lo, auteur de bandes-originales (La Taularde, Le Gang des Antillais) et fils du géant jazz Manu Dibango (dont il fit la connaissance il y a quelques années seulement), James BKS décrit New Breed comme une manière de rallier des artistes soucieux, comme lui, de se reconnecter à leurs racines. Pour notre Arche, celui qui enflamma Radio Nova la semaine dernière lors d’un bref concert fort bien cadencé suggère de remplacer les cours de physique ou de biologie par des leçons d’empathie, pour davantage de tolérance entre les peuples et les classes sociales. On se rappelle alors du fameux proverbe de (son) Papa Groove : « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir : chacun a besoin de l’autre pour se révéler. »
Pour réécouter le live de James BKS sur Nova, c’est là.
Visuel © The Wire saison 4, de David Simon (2006).