Il y a bien longtemps (circa 1985), dans la noirceur et la crasse écossaise, deux frangins teigneux, renfrognés mais bougrement inspirés synthétisaient comme frappés par la foudre, au sein de The Jesus and Mary Chain, ce que le rock avait à proposer de mieux à l’époque : un mur de son à base de guitares bien rugueuses portant en son sein des mélodies imparables dignes des Beach Boys ou de la Motown… Ce mélange de bruitisme punk et de pop bubblegum désabusée allait dans un premier temps fracasser durablement les tympans de toute une génération et en inspirer bien d’autres (My Bloody Valentine, Sonic Youth, Husker Dü, The Kills, BJM et probablement aussi, les petits morveux qui répètent dans le garage en bas de ta rue).
Un album fondateur avec un titre où, comme on dit, tout est dit : Psychocandy leur garantira illico une place enviée au panthéon du rock’n’roll et lancera une carrière colérique et sulfureuse durant laquelle une palanquée de musiciens éphémères se succèderont sur six albums en tentant de supporter la mauvaise humeur chronique des frères Reid avant de jeter l’éponge… À la fin des nineties, ce sont les frères eux même qui décideront de splitter tant la tentation devenait grande de s’étriper l’un l’autre.
On les retrouve, en 2007 où ils vont durant plusieurs années se réconcilier progressivement en revisitant leur répertoire avant de se décider en 2017 à rentrer en studio pour un nouvel album proprement baptisé Damage and Joy sur lequel il démontrent avec talent que la mauvaise humeur alliée à un bon gros paquet de larsens, décidément, ça conserve.
Alors oui, ils ont un peu vieilli, mais ne vous réjouissez pas pour autant, durant toutes ces années, ils ont aussi eu toute latitude pour peaufiner à la perfection leur totale maîtrise de la noise attitude.
Bordeaux @ Rockschool Barbey, jeudi 31 mai, 21h.