Le pionnier brésilien est décédé samedi à l’âge de 88 ans à Rio de Janeiro. Nous lui rendons hommage.
« O Mito » (« le mythe »). C’est ainsi que les Brésiliens surnommaient João Gilberto, qui s’est éteint ces dernières heures à l’âge de 88 ans. L’homme est ainsi parti, mais son mythe lui survivra très certainement longtemps : dans les années 50, ce sont ses accords de guitare, ses murmures, ses caresses vocales qui, dans le quartier de Copacabana (à Rio de Janeiro) et aux côtés d’autres (Nara Leao, Vinícius de Moraes, Newton Mendonça ou bien sûr Tom Jobim), fondèrent la bossa nova, soit « nouvelle vague » en argot carioca, une musique intimement liée, dans l’esprit du monde entier, à la culture tout entière des Brésiliens. Observateur du monde, fouineur d’âme, plume sensible, esprit moderne, João Gilberto a interprété quelques-uns des plus grands classiques du genre, « Desafinado », « Garota de Ipanema », « Rosa Morena », « Corcovado », ou encore « Aquarela do Brasil ».
Le titre « Chega de saudade », aussi, l’un des classiques les plus célèbres du genre qui figure sur l’album que l’on considère généralement comme le premier véritable disque bossa nova de l’histoire (Chega de saudade, 1958) et témoignage illustre de ce que fut la le travail de trois figures : João Gilberto, Tom Jobim ou Vinícius de Moraes. C’est que les premières heures de la bossa se sont cristallisées autour de la collaboration entre ces trois hommes, l’interprétation de João accordant aux compositions de Moraes et de Tom Jobim la douceur et la sophistication qui leur manquaient pour atteindre une forme de magie.
Et puis il y aura The Girl from Ipanema avec le saxophoniste Stan Getz (1963), et le succès planétaire, un succès qui n’était peut-être pas tellement fait pour cette légende qui vivait quasiment isolé chez lui depuis trois décennies : antisocial et phobique de beaucoup de choses, il vivait, disait-on, en pyjama, ne parlait quasiment plus à personne, n’avait plus donné de concert depuis 2008 (et n’en donnait déjà pas beaucoup lors de ses années actives…) Le documentaire Où es-tu, João Gilberto ? de Georges Gachot racontait cette trajectoire singulière.
Père d’un genre musical popularisé en France par les éditions Saravah (Pierre Barouh), proche de Rémy Kolpa Kopoul (qui organisa sa tournée en Europe en 1983), habitué des ondes de notre antenne, João Gilberto est aujourd’hui à l’honneur sur Nova. La playlist ci-dessous est concoctée par notre programmateur Michael Liot…
Visuel © O Mito de João Gilberto