L’artiste français sort un second album au charme toujours aussi irrésistible… et avec toujours autant d’audace.
Le rebetiko, musique des bas-fonds, des voyous, des prolos, des filles de mauvaises réputations et des garçons de mauvaises fréquentations de la Grèce des années 1920, dans les oreilles des branchés des années 2020 ? Il fallait le talent et la vision de Johan Papaconstantino, plasticien et musicien d’origine grecque (forcément), pour rendre probable cette drôle de rencontre entre bouzouki, flûtes, tambourin, R&B cool et autotune parfois proche du cloud rap qui gobe des nuages et décompose les rimes trop compliquées.
Rebetiko, R&B… et reggaeton
Après un premier album, Contre-jour, qui reprenait les bases des tubes du chanteur grec Vangelis Perpiniadis et dont nous vous avions joué sur Nova (et avant tout le monde !) les titres “J’sais pas”, “Pourquoi tu cries ??” ou “J’aimerais”, Johan Papaconstantino reprend la formule qui avait fonctionné hier. Il sort un disque qui, outre ce copinage entre rebetiko et R&B sous cachet autotune, réserve quelques surprises. Ouvert d’esprit et inventif, Papaconstantino s’aventure, par exemple, dans le reggaeton sacrément charnel aux côtés de la Colombienne Drea Dury, qui fait ici du Rosalía (“Dans ma vie”). Il chante aussi la détente ostentatoire de son compagnon félin (“Mon chat danse”), les ambitions qui ne sont pas allées plus loin que ça (“Rocker”), la douceur des amitiés qui rassurent (« Bricolo »).
Il chante aussi, avec ce flow détendu et indolent qu’on lui connaît désormais très bien, la paternité qui change pas mal de choses lorsque l’on s’y trouve confronté (“Tata”), reproduction de l’espèce que rappelle aussi cette pochette de disque où, pas si fréquent, c’est un ventre arrondi par la présence d’un bambin dans les entrailles qui nous est présenté.
Papaconstantino n’aura été ni rocker, ni jazzman et encore moins footballeur (quoi que, la vie est longue), comme il le chante sur le morceau “Rocker”. Il fait néanmoins partie aujourd’hui de ces artistes capables de proposer une musique vraiment différente, vraiment singulière et qui, loin des modes et des tendances sans cesse singées, exhume et innove tout à la fois. Et rappelle qu’associer les musiques d’hier et celles d’aujourd’hui est certainement le meilleur moyen pour envisager la musique de demain.
On vous offre l’album ici ou sur la page Facebook Nova Aime en jouant avec le mot de passe.