Les comiques, médiatiques ou familiaux : qui sont-ils, quels sont les réseaux ? Et s’ils disparaissaient tous – sauf un – du jour au lendemain ? Non loin de Rennes, ce musicien et scénariste de BD s’emploie à faire éclater la vérité.
« Une société secrète pour démasquer des sociétés secrètes, c’est pas bizarre ? » Ainsi démarre Les Complotistes, la réjouissante BD signée Jorge Bernstein et Fabrice Erre, à paraître le 2 octobre aux éditions Dupuis. Dans le local à poubelles du lycée Johnny-Hallyday, un adolescent débrouillard, Kevin_Néo, exerce son esprit critique auprès d’un professeur parano, Patrick Mulder, qui l’entraîne à identifier la vérité désormais « ensevelie par des canailles sous un tas de fariboles pour TROMPER LES GENS ». Ensemble, ils se demandent si le Moyen-Âge a eu lieu, si Paul McCartney est mort, si l’on peut repérer les femmes illuminatis à la pièce triangulaire de leur bikini, s’avouent perplexes en découvrant que les mots « Hitler » et « Hipster » sont étrangement proches et, surtout, comme leurs auteurs, s’échinent à mettre en lumière les mécanismes du conspirationnisme.
Dans cette perspective éducative, Jorge Bernstein prend la parole, tel un lanceur d’alerte es zygomatiques, pour nous avertir d’un futur garanti sans fake news : incessamment sous peu, tous les comiques vont disparaître, sauf un (nous vous laissons le soin de deviner lequel en écoutant cet épisode). Scénariste prisé pour la rigueur scientifique de ses facéties (en collab’ avec Terreur Graphique, Fabcaro, Julien/CDM ou Rudy Spiessert), cofondateur breton des garage-rock Pioupioufuckers, le bon docteur Jorge, dans son domaine d’Orgères non loin de Rennes, y voit l’opportunité grandiose de pouvoir enfin « se faire chier ».
Finis « les rires forcés, les conversations où il faut faire de l’esprit », place à des activités exécutées « sans enthousiasme », parmi lesquelles « la pollution, la pleine conscience, l’hygiène des mains, la religion ou la motoculture de plaisance », dans des temps « de plus en plus douloureux » « en attendant la mort comme une délivrance ». Cette histoire possède une chute machiavélique, mais il faut appuyer sur play.
Image : Horace & Pete, de Louis C. K. (2016).