Le Books du mois de mai à l’honneur dans le Gift Shop
Le gift shop de ce grand mix anticipe le jour férié avec le magazine Books du mois de mai.
Feuilleter Books c’est prendre le temps d’ouvrir des raccourcis, de découvrir des détours, de s’aventurer dans des impasses, voire même changer de destination, en une journée qui se fait usuellement autoroute de la pensée.
Un grand dossier sur les nouveaux loups-garous, où l’histoire d’une mythologie du serial killer, se laisse tout à fait apprécier en tant qu’iconographie contemporaine et inquiétante sociologie.
On se penche aussi sur une BD américaine, « On the Rope » de James Vance et Dan E.Burr qui habillent d’un trait noir & blanc la grande dépressive année 30, et qui paie son extrait. On frissonne dans les confessions du dictateur argentin Videla que le remord n’étouffe malheureusement pas.
Et puis, en bon hipster qui ne nous assumons pas, on se prend d’intérêt pour les oubliés, les malmenés de l’histoire littéraire, qui sont souvent des malmenées, oui, monsieur. C’est par exemple, la femme d’Oscar Wilde, Constance Wilde, prénom oxymore, objet légitime de plaisanteries, qui se révèle avant-gardiste, féministe, allant jusqu’à ouvrir Dorothy’s, un café pour les femmes, où ces dernières pouvaient fumer et porter le pantalon, damned !
Mais c’est en particulier ce farceur impénitent de Joyce et son sens accru, jusqu’à la schizophrénie, de l’autofiction qui mérite toute votre attention. L’article « Saint Joyce Pornographe et Martyr », traduit de l’américain, est un bonheur qui vous donne envie de le chercher ensuite dans le pré d’à côté, de continuer vos recherches si vous préférez. (Par exemple la relation littéraire un peu sado-maso entre Joyce et le poète Yeats titille sérieusement l’imagination.)
Dans cet article sur une biographie qui tient de l’analyse, on se penche sur la mise en personnage parfois grotesque parfois sublime de l’auteur ambigu d’Ulysse et ça passionne.
Comme Joyce le dit lui-même dans « Portrait de l’artiste en jeune homme » : Dans l’oeuvre d’art, « la personnalité de l’artiste se subtilise enfin jusqu’à perdre son existence, et, pour ainsi dire, s’impersonnalise. L’artiste, comme le dieu de la création, reste à l’intérieur, ou derrière, ou au-delà, ou au-dessus de son oeuvre, invisible…entrain de se curer les ongles. «
BOOKS, Livres et idées du monde entier, Numéro de Mai 2013, 9, 80 euros.