Contre la reprise du transport aérien, la réincarnation ashkénaze de Marilyn Monroe cueille une idée juteuse dans le verger romanesque de Roald Dahl.
« J’ai l’Air Force One en bout de piste ». Sur le tarmac de son premier seule-en-scène, Mudith Monroevitz – la réincarnation ashkénaze de Marilyn Monroe (2017), au cours duquel un rendez-vous amoureux carrément foireux sert de prétexte à une extravagante quête des origines questionnant sa vocation de comédienne aussi bien que la notion de consentement, Judith Margolin rencontre quelques menues difficultés à faire atterrir l’avion présidentiel américain – ou, plutôt, son ersatz intestinal.
Confinée à Ménilmontant en attendant la reprise hebdomadaire de ce spectacle rigoureusement marrant à la Nouvelle Seine (Paris), l’actrice et autrice s’est creusée les méninges pour trouver une alternative écologique au transport aérien, mis sur pause – ainsi que son effroyable capacité de pollution – pour cause de Covid-19. La solution est tombée de l’arbre magique de ses lectures d’enfance. Dans James et la grosse pêche, publié par l’Anglais Roald Dahl en 1961, un orphelin « aux yeux désenchantés », martyrisé par deux tantes acariâtres, se voit offrir un sac de « petites choses vertes » qui font pousser en une nuit une pêche monumentale, plus grosse que sa propre maison, qui ne tarde guère à rouler jusqu’à la mer. Portée par trois cents mouettes grâce au renfort filandreux d’une araignée et d’un ver à soie, la pêche géante de James parvient à rallier New York sans émission de carbone. « Ce garçon est un génie ! », clament les passagers.
À partir de cette idée juteuse, Judith Margolin choisit de réorganiser le trafic aérien international en remplaçant les avions par des fruits et légumes, tout en respectant le rythme des saisons. Une hypothèse de première classe.
Pour se faire livrer une carpe farcie préparée par Mudith Monroevitz, c’est ici.
Visuel © David Hohn, élément de couverture pour James et la grosse pêche de Roald Dahl.