Près des Buttes-Chaumont, cet « écrivain-voyageur au foyer » nous invite à redéfinir la notion de réussite, lassés « de ces métiers débiles qui ne servent qu’à engraisser des robots ».
« Certains avaient prévu la situation actuelle, d’autres voient dans ce basculement une opportunité pour rebâtir un système plus sain. Peuvent-ils passer de la peur à l’action constructive ? Proposer des solutions ? » Légèrement urgentes, ces questions sont au cœur du documentaire intitulé Effondrement ? Sauve qui peut le monde, réalisé par Julien Blanc-Gras et Alfred de Montesquiou, qui sera diffusé sur France 5 le 12 mai à 20h50, dans l’émission de Marina Carrère d’Encausse.
On y découvrira un bunker pour milliardaires à soixante-quinze mètres sous terre « dans un ancien silo nucléaire, au Kansas, avec piscine tropicale, mur d’escalade et milice privée », le stage de survie de six Français qui débarquent sans eau ni nourriture à trois mille kilomètres du premier village « sur une île déserte indonésienne peuplée de varans et de serpents venimeux », ou encore l’invasion de l’un des sièges d’Amazon, à Clichy, par des militants « plus chauds que le climat », comme le précise par téléphone Julien Blanc-Gras, cet « écrivain-voyageur au foyer » confiné près du parc des Buttes-Chaumont (Paris).
Juré historique du Prix de la Page 111 remis chaque automne sur Radio Nova, l’auteur géo-névropathe et facétieux de Touriste (Au Diable Vauvert, 2011), Paradis avant liquidation (idem, 2013) ou Comme à la guerre (Stock, 2019) était sur le point de publier début mai un recueil de textes pour moitié inédits, basés sur ses reportages dans Le Monde, L’Équipe ou les revues Long cours ou Aller-retour. Titre : Envoyé un peu spécial, où il évoque « la danse des cent mille vierges » en l’honneur du roi zoulou du Swaziland, son saut en parapente sur l’Himalaya, l’érotisme troublant des lamas de Saint-Pierre-et-Miquelon ou son rôle de « Blanc kidnappé par des terroristes » dans une superproduction nigériane.
L’ouvrage ayant été repoussé à une date inconnue, Julien Blanc-Gras se console en nous invitant à redéfinir les notions de bonheur et de réussite, lassés que nous sommes, trop souvent, « de ces métiers débiles qui ne servent qu’à engraisser des robots. »
Pour voir l’auteur en robe de chambre lors du dernier festival des Épatants Sédentaires de Saint-Milou (Charente), retransmis sur Nova, c’est ici.
Visuel © Seuls two, d’Eric Judor et Ramzy Bedia (2008).