Classique de la littérature britannique (le livre de Kipling), classique du dessin animé (l’adaptation Disney de 1967), Jungle Book ramène ses galons sur les scènes théâtrales, à l’instigation du metteur en scène américain Robert Wilson, à qui l’on doit notamment Le Regard du Sourd, Einstein on a Beach (l’opéra écrit en 1976 par Philip Glass), KA MOUNTAIN AND GUARDenia TERRACE (un spectacle d’une durée de … sept jours !) et moult adaptations de Wagner, Woolf, Brecht, Shakespeare, Marina Abramovic ou Heiner Müller.
Tout à son récit initiatique sortant des glissières du classicisme pour transformer l’Inde coloniale de la fable d’origine en ludique et déboussolant extra-territoire d’un conte féérique à la palette bleue, fuschia, où se découpent des ombres, le Jungle Book de Wilson multiplie trouvailles et astuces au fil de ses douze tableaux, chantés, dansés, joués sur la musique de CocoRosie. Ce n’est du reste pas la première fois que les deux soeurs freak folk collaborent avec le dramaturge et plasticien new-yorkais ; c’était déjà le cas sur Peter Pan, autre oeuvre anglaise pour enfants également croquée par Disney.
« Penser avec les yeux, écouter de tout son corps » : tel a été le synesthète crédo proposé par Wilson à ses interprètes aux tenues thérianthropes et chamarrées. Le si diplomate colonel Hathi, devenu ici la (oui, la) narratrice aux éléphantesques oreilles, est vêtue d’une robe blanche semblant sortir, imprégnée d’amidon, d’une penderie fin XIXe siècle. L’hypnotique serpent Kaa a des faux airs de dragon chinois, les louves semblent s’être entichées de maillots du Stade Français, Bagheera se la joue diva ; quant à Shere Khan, le tigre, avec son faciès plâtré à la poudre de riz, son costard orange et ses griffes écarlates manucurées, il semble combiner l’exubérance glam et le quant-à-soi mafieux avec une sophistication aussi incongrue que pétulante.
Une luxuriante forêt de signes, un théâtre du foisonnement, de la malice vive mettant tour à tour l’enthousiasme et la défiance sur le devant de la scène, pour dépeindre un tableau contrasté, un environnement où se côtoie le sauvage et le policé, le bénévolent et le destructeur, les humains et les animaux habitant une même nature, un même monde dont les échos contemporains nous serinent, à juste titre, sa mise en péril.
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