Gaspard Augé et Xavier de Rosnay sortent un live… sans public. Et un space opera qui ne se passe pas exactement dans l’espace, à voir de manière exclusive et all around the world, au cinéma. Rencontre.
Deux hommes, une intelligence artificielle qui gouverne les environs, et un live qui ne trouvera son public que lors d’une projection unique au cinéma un peu partout dans le monde, le 29 août : pendant plus d’une heure, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, les deux membres qui animent le projet Justice depuis plus de dix ans, jouent un condensé de leurs trois premiers albums et proposent, avec IRIS, un film musical inédit et rétro-futuriste. À quelques heures de la projection, entretien fleuve pour opéra space.
En 2018 avec Woman WorldWide (réinterprétation « live » des morceaux issus des albums † (Cross), Audio, Video, Disco et Woman), vous proposiez un album live enregistré sans public. Cette fois, la démarche est similaire, mais à l’écran. Ça fait longtemps que vous y pensez, à réaliser un live sans public ?
Xavier de Rosnay : On se pose la question depuis notre première tournée en 2007. Il y a toujours un moment, en tournée, où on sent que ça fonctionne et où on se dit qu’on a envie de documenter ce moment. On a fait plusieurs tentatives, mais sans qu’on sache vraiment pourquoi, ça ne fonctionnait pas vraiment. Les vidéos qu’on voyait de nos concerts sur YouTube faites par des gens du public avec leur smartphone fonctionnaient mieux que les nôtres…
On s’est alors dit que notre problème, c’était qu’on essayait de transposer l’énergie qu’il y a en concert sur film. Je ne sais pas comment c’est pour les autres groupes, mais nous, c’est rare que l’on joue parfaitement du début à la fin, alors en plus quand c’est filmé… C’est voué à l’échec, ça ne marche jamais. D’autant qu’on n’a jamais trouvé de film-concert référant, un film qu’on trouverait suffisamment bien pour s’en inspirer.
On s’est dit que la solution, c’était peut-être de faire ce film sans public, et pas dans une salle de concert. Ça permet au spectateur de ne pas se dire « ok on va voir un concert », mais de pouvoir se concentrer sur la musique et sur l’aspect visuel – parce qu’on a une composition visuelle très importante et dans un environnement complètement contrôlé. Là au moins, on pouvait refaire notre concert autant de fois qu’on le voulait, jusqu’à obtenir une prise audio « parfaite ». Visuellement aussi, ça nous permettait de ne rien rater…
Vous l’avez fait en combien de prises du coup ce live ?
Xavier de Rosnay : Je ne sais pas. Beaucoup. Ce n’est pas forcément la dernière prise qui a été gardée. Il y a une prise audio qui était très bien et la plupart des plans fonctionnaient sur cette prise audio. Et après, il y a des plans qui sont venus d’autres prises pour faire des passages ou des transitions.
Y a-t-il une trame narrative précise dans IRIS ?
Gaspard Augé : On ne peut pas parler véritablement d’un scénario car la narration existe déjà dans le show en lui-même quand tu vas le voir en vrai. La seule narration présente, c’est le fait qu’on commence un peu de manière minimale pour évoluer vers quelque chose de « transformeur », où les choses que tu croyais inertes s’allument, bougent. On aime bien l’effet de surprise. Par exemple, à un moment dans le film, tu penses que c’est des amplis, avant de te rendre compte qu’ils s’allument. Ensuite tu réalises qu’il y a des câbles au-dessus, qu’ils ont plusieurs facettes avec plusieurs types de lumières, et il y a plein d’événements comme ça. C’est ce qu’on a toujours voulu faire quand on faisait des concerts. Donc après effectivement la narration du film est la même que celle du show.
Xavier de Rosnay : On a essayé d’écrire le plus de plans possibles en amont avec André Chemetoff.
C’est donc une écriture conjointe entre vous deux et André Chemetoff et Armand Beraud, les deux réalisateurs du film ?
Xavier de Rosnay : Oui. On a quand même écrit plusieurs plans avant de filmer, mais évidemment, une fois sur place, tout a pris plus de temps que prévu, le pré-light aussi : t’essayes de faire les plans et en fait, ça ne marche pas… André Chemetoff a donc dû improviser pas mal aussi sur place. Et c’est en pensant à ça que je me rends compte qu’on a vraiment eu raison de lui demander de le faire : mes plans préférés du film sont des plans qui n’ont pas du tout été écrits et qu’il a improvisé.
Lesquels par exemple ?
Xavier de Rosnay : Toute la fin de « Stress », avec ce plan très long, il l’a fait comme ça, sur le moment. Et c’est assez beau à voir car il contrôlait une grue qui était dirigée par cinq personnes, un système très archaïque avec des petites manivelles qui tournent. Et c’est incroyable de voir un mouvement aussi précis où tout est parfaitement cadré, où tout arrive à la bonne vitesse alors qu’il manipule un engin qui pèse plusieurs tonnes et qu’il faut coordonner parfaitement cinq personnes pour que ça fonctionne…
Il y avait combien de personnes sur le plateau ? C’est compliqué de se rendre compte, puisqu’on ne voit que vous deux à l’écran pendant toute la durée du film.
Xavier de Rosnay : On était beaucoup. Je pense qu’il y avait au moins 80 personnes sur le plateau…
Pour nous, IRIS, ça représente le nom d’une espèce de voix très transparente, celle d’un genre de robot, qui t’accueille dans une station.
L’iris c’est la partie colorée visible de l’œil, c’est une plante, mais pour vous, c’est aussi une sorte d’intelligence artificielle, semblable à celle présente dans 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick…
Xavier de Rosnay : Il y a Hal, effectivement, mais il y aussi toutes les intelligences artificielles. Pour nous, IRIS, ça représente le nom d’une espèce de voix très transparente, celle d’un genre de robot, qui t’accueille dans une station. C’est vrai qu’il y a un peu le truc Siri, mais ça, on s’en est rendu compte après.
Pourquoi la faire intervenir cette voix ? Pourquoi se dire « on a envie d’appeler notre film avec cette petite voix qui va te parler et qui va diriger tes actes un peu de manière insidieuse » ?
Xavier de Rosnay : Parce qu’il y a quand même une thématique un peu « galactique » dans ce film. On a quand même fait une « tempête de cerveaux », un brainstorm, en faisant une liste de tout ce qui nous faisait penser à ces choses-là. Il y a les noms de sondes évidemment, les noms de constellations, les noms de possibles robots qui pourraient t’accueillir dans ces sondes. Et on voulait aussi que le titre du film soit un nom féminin.
J’imagine le film s’appeler « Jean-Yves », et ça marche tout de suite moins bien
Pourquoi ?
Xavier de Rosnay : Parce que c’est un peu ce qui clôture aussi Woman Worlwide. Je ne sais pas, je trouve qu’un nom de femme dans un film où il n’y a pas de femmes, ça rend le truc un peu froid, un peu distant, c’est assez beau. Enfin j’imagine le film s’appeler « Jean-Yves », et ça marche tout de suite moins bien. Alors que n’importe quel nom de fille ça marche un peu mieux… On s’est donc fait une shortlist de noms féminins, en pensant notamment à des acronymes, mais ça devenait trop compliqué. Le film aurait pu s’appeler Lola (pour Luna Orbit Landing Approach) ou des trucs comme ça. On a fini par trouver Iris. Ça sonne bien, et comme tu le précisais, pour ceux qui ne suivraient pas cette histoire d’intelligence artificielle, ça évoque aussi l’œil, des trucs très simples.
A Space Opera c’est la deuxième partie du nom du film. Rappelons qu’un space opera, c’est ces grandes épopées qui se déroulent souvent dans l’espace, et qui ont souvent en toile de fond un cadre géopolitique assez complexe. Les plus connus ce sont Star Wars, Star Trek, Stargate, ou même Alien, Albator etc. Pourquoi avoir décidé d’associer ce film-là au space opera ?
Xavier de Rosnay : C’est ça qui est drôle, parce qu’un space opera, c’est un opéra qui se déroule dans l’espace et notre musique, même si elle est très éloignée d’un opéra, à ce truc un peu opératique. Ça ne s’arrête jamais. Il y a une progression et une sorte de construction vers quelque chose d’assez dramatique. Après, notre Stage Design à nous, on l’a fait en pensant à tous les films que tu viens de parler. Spécialement Alien et Blade Runner. Dans les vaisseaux de ces films-là, que ce soit le Nostromo ou les trucs de Star Wars, Blade Runner ou 2001, l’Odyssée de l’espace, il y a toujours cette espèce de couloir hexagonal, qui est une référence pour tout le monde.
C’est quelque chose qu’on aimait bien : ne pas essayer de tout masquer, mais de faire de la mécanique et de la technique un objet esthétique aussi
Pourquoi Alien et Blade Runner en particulier ?
Gaspard Augé : Pour le côté un peu mécanique et un peu lourd. Enfin toute la machinerie qu’il peut y avoir dans Alien, il y a toujours des chaînes, des poulies. C’est quelque chose qu’on aimait bien : ne pas essayer de tout masquer, mais de faire de la mécanique et de la technique un objet esthétique aussi. Le côté Blade Runner c’est que, esthétiquement, c’est assez imbattable. On aimait bien aussi le côté assez minimal.
Xavier de Rosnay : Et puis surtout parce qu’on est des enfants des années 1980. On était un petit peu trop jeune pour Star Wars, on l’a découvert plus vieux. Mais Alien et Blade Runner ce sont les premiers films de SF que j’ai vu. Ils passaient au cinéma, ce n’est pas mon grand frère qui me les montrait. Pour moi, ce sera toujours LA référence des films qui se déroulent dans l’espace.
La science-fiction est irrémédiablement rétro
Vous êtes des fans de science-fiction ?
Xavier de Rosnay : Ce que j’aime dans l’idée de science-fiction, c’est que c’est irrémédiablement rétro. La SF est rétro-futuriste parce que la vision du futur lointain qu’on peut avoir à un moment donné est toujours erronée. Elle est finalement très empreinte d’éléments du passé que l’on essaye de moderniser. Il y a quelque chose de quasiment « médiéval » dans la SF, un peu art déco, qui fonctionne sur nous et qui nous plait vachement. Et puis on a grandi en regardant Cobra. Et on s’est rendu compte des années plus tard à quel point ça nous avait conditionné. Pour ceux qui ne connaissent pas Cobra, c’est un dessin animé japonais dont le protagoniste est calqué sur Belmondo. Il fume des cigares, il boit des cognacs, il est entouré de filles que nous on trouvait superbes à l’époque, il joue des morceaux de Gainsbourg sur un orgue lumineux. Enfin tout est cool et tout ressemble tellement à ce qu’on aime maintenant…
En plus d’avoir été accompagné par ces films pendant votre jeunesse, est-ce que vous lisez de la science-fiction ? Est-ce que vous lisez parfois des essais de science-fiction, des trucs qui la théoriserait un petit peu plus ? Dans le sens où c’est une esthétique que vous utilisez beaucoup dans Iris notamment.
Gaspard Augé : Ça nous influence plus d’un point de vue visuel. Personnellement, les livres de science-fiction, j’en ai vraiment lu très peu, j’en ai acheté beaucoup pour leur couverture. Il y a une collection de bouquins qui est assez magnifique avec des espèces de couvertures un peu argentées avec des motifs (la « collection Folio SF », NDLR). J’ai acheté beaucoup de ces bouquins uniquement pour les couvertures, mais n’en ai jamais lu aucun… C’est la même chose qu’une autre collection de disque qui s’appelle Prospective XXIe siècle, chez qui les pochettes sont magnifiques.
Gaspard, je suis retombé il n’y a pas longtemps sur tes illustrations, sous le nom de Gaspirator. L’un d’eux était un œil dont partait une trainée lumineuse… L’iris et l’œil de manière générale, c’est quelque chose qui traîne depuis longtemps dans ta tête ?
Gaspard Augé : Oui. Mais l’œil c’est un symbole qui a toujours été utilisé depuis que les hommes essayent de représenter le monde. Il y a toujours eu des yeux parce que c’est un truc assez fort visuellement.
Xavier de Rosnay : C’est moitié Franc maçonnique, moitié l’œil miroir du regard.
Il y a un symbole évident qui apparaît sans cesse chez Justice, c’est la croix christique. J’ai cru comprendre qu’elle était présente depuis « Waters of Nazareth », en 2003. Le Christianisme, c’est un espace spirituel évidemment très important, et là on a un live qui parle de l’espace en lui-même. Êtes-vous fascinés par l’infiniment grand ? Vos lives sont gigantesques, vous faites un truc pour le cinéma, c’est quelque chose qui vous fascine ?
Xavier de Rosnay : Oui on est fasciné par l’infiniment grand, par le concept d’infini et de grandeur. Comment ne pas l’être ? Mais après, on fait ces choses-là sans jamais se poser la question de l’échelle. À part en concert peut-être, où on est obligés d’y réfléchir avant, puisqu’on est tributaire de la taille des salles dans lesquelles on joue et des slots que l’on a en festival. Ce sont aussi les espaces qu’on nous donne qui déterminent l’économie du projet et des ambitions scénographiques. Le film par exemple, on l’a fait avant tout de chose pour nous, pour avoir un document un peu objectif de cette tournée, même s’il se retrouve un peu sublimé par le talent d’André Chemetoff et d’Armand Beraud. La façon dont s’est diffusée après vient finalement après que le film soit fini. Donc non, on n’a pas d’ambition démesurée, on fait juste des projets, que ce soit des disques ou des films.
Gaspard Augé : Mais effectivement, l’espace du studio nous préoccupait beaucoup : le live est filmé à la Cité du Cinéma, et il était important pour nous que le spectateur ait l’impression que le film ait lieu dans un endroit qui évoque « l’infini ».
Xavier de Rosnay : L’espace, c’est vrai qu’en y pensant, c’est l’une de nos grandes problématiques quand on pense aux design de nos scènes pour nos concerts. Deux-trois ans avant le film, on avait remarqué que quel que soit la taille de ce que tu amènes, quand tu joues sur d’énormes scènes de festival, à la fin, t’es toujours un rectangle sur quelque chose de gigantesque. On s’est demandé comment faire pour avoir un espace scénique qui ne soit pas vraiment délimité. Et c’est de là qu’est venue l’idée d’avoir ces espèces de cadres qui bougent, qui, lorsqu’ils sont déployés, finissent par atteindre une largeur maximale. Mais comme ces cadres ne sont pas contenus dans une forme géométrique délimitée, tu as moins cette impression d’être une chose toute petite dans un énorme espace. C’est pour ça qu’on a écarté immédiatement l’idée d’avoir des écrans derrière nous ou des choses comme ça, parce qu’au final, c’est ça qui finit par tout rapetisser. Donc je ne sais pas si c’est une fascination pour l’infini grand, mais en tout cas pour quelque chose qu’on n’arrive pas vraiment à délimiter.
Est-ce qu’on doit encore parler de live pour ce film que vous avez proposé ?
Xavier de Rosnay : Techniquement oui puisque la musique qu’on entend c’est un vrai live, c’est-à-dire que c’est tel que joué sur scène donc nécessairement un peu différent de Woman Worldwide qui était lui un live qui était refait en studio.
Les voix du public, si je me rappelle bien, avaient été supprimée de l’enregistrement final ?
Xavier de Rosnay : Plus exactement, on a juste enregistré le son qui sortait des consoles, et donc directement le son émis par les machines. Il n’y avait donc, sur ces bandes-là, pas de bruit d’ambiance. Après en studio, on a passé plusieurs mois à tout nettoyer, à tout rééditer correctement, et à mixer ça comme on le voulait. Aussi puisqu’on est trop limité par le matériel qu’on a sur scène en live. Mais la finalité du film, ce n’est pas de rapporter des sensations qu’on peut avoir quand on va voir un concert de Justice.
C’est une sorte d’archivage finalement, un genre d’album photo ?
Xavier de Rosnay : C’est complètement ça. Mais avec la photo toujours bien cadrée avec ce qu’on veut montrer avec chaque moment de musique et ce qu’on ne peut pas faire en direct.
Gaspard Augé : C’est ça qui est intéressant aussi. Le film reste une expérience très différente que d’aller voir le concert en chair et en os puisque ça nous a permis à nous de voir des trucs qu’on n’avait jamais vu et d’avoir des angles de caméra qui sont inaccessibles quand tu es dans un festival. Ça nous permet de montrer des choses que, ni nous ni personnes, n’avons vu pendant les concerts.
Vous pensez que ça va changer votre manière de faire du live ?
Xavier de Rosnay : Non, parce que c’est un exercice en dehors de ça. Pour nous, l’exercice du live est principalement basé sur l’énergie qu’on y met. Alors que le film, lui, est purement esthétique.
En 1971, il y avait eu le live de Pink Floyd à Pompéi, sans public déjà. Je suppose que vous l’aviez également en tête au moment d’envisager ce film ?
Xavier de Rosnay : On avait ça en tête oui. Mais les deux démarches sont tellement différentes… Ce qui nous avait marqué, c’était le fait que forcément, en regardant le live de Pink Floyd, on ne se concentrait sur rien d’autre que le live, puisqu’il n’y avait, par définition, pas d’interaction avec le public…Mais de toute façon, les quelques films de live que j’aime bien ne montrent quasiment pas d’interaction. Je pense à celui de Neil Young à Massey Hall où il est seul avec une guitare, par exemple. Ce soir-là, il aurait pu être seul dans un studio, ça aurait été pareil…
Il y a d’autres films comme ça, musicaux, qui vous ont marqué ?
Xavier de Rosnay : Non, on a essayé de regarder les classiques comme Tommy. Mais alors que j’adore The Who, je n’aime pas du tout ce film, je trouve que ça ne fonctionne pas du tout. C’est un peu comme les films des Beatles (c’est sans doute un de mes groupes préférés) dont je n’arrive pas à regarder les films.
Et Interstella 5555, le film des Daft Punk et de Leiji Matsumoto ?
Xavier de Rosnay : Moi j’ai bien aimé, on était vachement jeunes quand c’est sorti. On ne savait pas que c’était un film à la base, on regardait surtout les clips. Mais le film fonctionne parfaitement. Mais à part ça c’est vrai qu’il y a peu de films musicaux qui me branchent.
Vous vous reconnaissez dans l’appellation « geek » ?
Xavier de Rosnay : Oui, complètement. De toute façon c’est dur de faire quelque chose presque tous les jours pendant des années sans devenir un geek dans cette catégorie. Mais après, on n’est pas des geeks technologiques, même si on s’y intéresse forcément un peu vu qu’on travaille avec ça, mais on ne connaît pas les noms de tous les synthés, de tous les effets, de tous les trucs, … On continue à faire de la musique de manière assez fraîche mais on est geek de pleins d’autres choses.
On va revenir au symbole évident qui apparaît sans cesse chez Justice, c’est la croix christique. La croix comme élément visuel central sur vos trois premiers albums, j’ai lu que c’était pour faire « un truc à la Dark Side of the Moon, sans nom de groupe ni titre ». Pink Floyd, décidément, ce n’est pas la première fois qu’on les retrouve associés à Justice…
Gaspard Augé : Je pense que ce qui nous influence le plus c’est Hipgnosis, c’est le studio de graphisme qui est derrière toutes ces images.
Xavier de Rosnay : Ouais c’est l’idée d’avoir une pochette d’album, ce n’est pas le cas de celle de Dark Side Of The Moon, sur laquelle il y ni le nom du groupe, ni le nom de l’album, ni la tête des membres du groupe. Et c’est vrai qu’on devait finir notre 1er album et on devait trouver une idée de pochette. On ne savait pas quoi faire et on est allé chez des canadiens qui avaient cet album des Pink Floyd sur leur manteau de cheminée et on s’est dit « ah quand même c’est vraiment bien si seulement nous aussi on avait un symbole à mettre sur notre pochette on pourrait ne rien mettre d’autre ». On s’est arrêté là alors qu’on utilisait la croix déjà depuis quelques années. Et c’est 3 semaines plus tard, on a repensé à ça et on s’est dit « mais bon sens mais c’est bien sûr, on a la croix ! ».
Comment est-elle arrivée la croix ?
Xavier de Rosnay : Elle est arrivée quand on a fait « Waters Of Nazareth » qui était thématique église et Bertrand Lagros (So Me) a dessiné la pochette et a fait un logo Justice dont la lettre centrale est un « t » qu’il a transformé en croix. Et pour la fête de sortie de ce single à La Boule Noire, on a fabriqué une petite croix dans du verre dépoli et on a commencé à l’utiliser à partir de là. Mais sans vraiment avec le projet de l’utiliser en dehors de ce single. C’est comme ça que la croix est née.
Vous vous verriez refaire des lives dans des espaces comme une Boule Noire ou des espaces plus restreints ?
Xavier de Rosnay : Ouais bien sûr, on y a réfléchi sur la tournée d’avant. On voulait, dans les villes où on joue dans des grosses salles, faire en parallèle dans des concerts dans des très petites salles.
Pour nous une petite salle ce n’est pas le Zénith : c’est la même petite salle que pour tout le monde !
Qu’est-ce que vous entendez par petites salles ?
Xavier de Rosnay : La Boule Noire par exemple, c’est 200-300 personnes. Pour nous une petite salle ce n’est pas le Zénith : c’est la même petite salle que pour tout le monde ! Mais le problème c’est que le plus souvent, dans des salles plus petites, ce n’est pas possible d’intégrer de décors. Ça apporte une énergie différente, ceci dit. C’est marrant de voir que sur la même musique et les mêmes personnes, tu peux avoir deux expériences complètement différentes. On fait assez peu de DJ sets mais quand on le fait, on le fait dans des petites salles, des petits endroits. Parfois dans des trucs avec 150 personnes et c’est cool de pouvoir faire les deux. Pour être honnête, je préfère jouer dans des plus gros endroits, parce que quand ça fonctionne il y a un truc d’énergie qui est imbattable en festival par exemple. Ça ne marche pas toujours mais quand ça marche, il y a 400 mètres de gens qui sont avec nous et c’est vraiment super.
Vous pensez quoi, justement, des DJ qui jouent sans aucune scénographie, ce qui est un peu l’inverse de ce que vous proposez de manière générale ?
Xavier de Rosnay : Je trouve ça très bien. De toute façon, les groupes que j’aime voir en concert ont souvent très très peu de scénographie. Dans le taxi tout à l’heure, je regardais un concert de The Hives – qui pour moi est un des meilleurs groupes à voir sur scène – et leur scénographie à eux, c’est leur costume et leur façon de jouer, c’est tout. C’est un spectacle et une expérience un peu globale. On est à la fois pour les scénographies maximales comme les nôtres, et aussi pour les minimales : tant que ça marche !
IRIS : A Space Opera by Justice, en coffret physique par ici, disponible via trois coffrets collectors et limités.
Visuels © Toni Francois