Levant le pied en banlieue parisienne, la danseuse et chorégraphe japonaise aimerait bien, entre deux câlins, qu’on se connecte tous ensemble à « l’invisible ».
Elle devait, en avril, décoller pour le Japon avec huit danseurs français en résidence dans la maison de ses grands-parents, à deux cents kilomètres au sud de Tokyo, pour préparer Chers, son prochain spectacle sur « la perte, l’invisible », les fantômes et les esprits. Mais c’est son emploi du temps, soudain, qui a disparu. Le retour de son solo Robot, l’amour éternel (2018) au Théâtre de Suresnes ou de Monfort ? Envolé. Sa reprise du Tambour de soie, en compagnie de Yoshi Oida, 87 ans, au Centquatre (Paris) ? Pffuit.
Interviewée par Télérama suite à ces annulations préventives liées au covid-19, Kaori Ito a momentanément abandonné l’entraînement et « laisse le vide s’installer » en banlieue parisienne. « Ce monde semble pourrir sur pieds à cause d’un virus, alors on prend soudain conscience de l’intérêt des relations humaines, même dans les petits cercles de la vie quotidienne. Nous qui étions tentés de tout commander sur Internet et de vivre par le numérique, voilà que nous sommes contraints de nous isoler pour de bon. Les choses n’arrivant jamais par hasard, quelles leçons pouvons-nous en tirer ? »
Née en 1979, cette danseuse, chorégraphe, comédienne et vidéaste japonaise, diplômée de sociologie, installée en France depuis dix-sept ans, collaboratrice francophone de Philippe Decouflé (Iris), Angelin Preljocaj (Les 4 saisons), James Thierrée (Au revoir parapluie), Alejandro Jodorowsky (Poesia sin fin), Denis Podalydès (Lucrèce Borgia) ou Édouard Baer (Ouvert la nuit), aimerait beaucoup, entre deux « câlins », qu’on se connecte tous ensemble aux « ondes qui se baladent entre nous ». Soyons solidaires, pas solitaires !
Visuel © Le Voyage de Chihiro, de Hayao Miyazaki (2001).