Taubira à l’Elysée, Despentes à Matignon et des concerts interstellaires : entre Paris et Lyon, cette comédienne et chanteuse nous téléporte dans une réalité alternative où Zemmour élève des moutons à Laroche-Migennes.
« J’suis pas ta beurette à chicha / ta biquette chawarma / ta barrette de zetla ni ta charrette à charia / J’suis pas ta beurette à quota / la cause des attentats / ta conchita, ta caillera, ta bobo quinoa / J’suis pas ta bêbête archi-blonde, ta bobonne qui fait de l’ombre, ta bourgeoise du grand monde, ta batwoman qui va pondre. » Mais qui est-elle, alors ? Carima Amarouche alias Karimouche, « Charentaise berbère » qui slalome entre Lyon et Paris, aux talents multipistes : chanteuse, comédienne (vue dans les séries Cannabis ou Les Sauvages), humoriste, danseuse, costumière. Sur son nouveau single, Princesses, rap-appel à la fierté féminine co-écrit avec R.wan (Java) et interprété avec Flavia Coelho, dans le clip duquel se croisent et se soutiennent Aïssa Maga, Carmen Maria Vega, Maïa Barouh, Zaza Fournier ou sa grand-mère Mimounth (92 ans, beau déhanché), ce « petit tourbillon emporté par ses histoires » veut qu’on lui tresse « des mots sur-mesure ». Dans l’album à paraître en janvier, Folies berbères, R’n’B constellé de sonorités orientales (très bien) produit par Tom Fire, on souligne ces paroles : « Il faudrait rester cool, alors qu’on coule ? »
Taubira à l’Elysée, Despentes à Matignon : entre Paris et Lyon, Karimouche nous téléporte dans une réalité alternative où Zemmour, converti à l’islam, élève des moutons à Laroche-Migennes (Yonne), qu’« il distribue gratuitement pour la fête de l’Aïd ». La chanteuse, elle, « change de blaze » et se porte candidate pour orchestrer la rencontre entre Beyoncé et Biyouna (dans l’espace interstellaire, avec des spectateurs extraterrestres et « une ambiance de malade »), sous le nom de « Biyounbé ». En cela fidèle à ses lyrics : « Mes ancêtres qui me guettent, le cosmos qui m’allaite. »
Image : Halal police d’État, de Rachid Dhibou (2011).