L’artiste expose ses oeuvres afro-psyché à la galerie Templon
Dans l’art classique, c’est une convention qui tue : on ne consacre pas un portrait à un noir… Il y a évidemment quelques rarissimes exceptions (Guillemine Benoist ou Anne- Louis Girodet…) mais, de manière générale, avant le XIXe siècle, le racisme était tel qu’on trouvait aberrant de gâcher une toile pour y dépeindre une peau sombre !
Que se serait-il passé si l’artiste vénitien du XVIe siècle Titien, ou celui du siècle d’or espagnol Velasquez, ou d’autres encore, avaient choisi des blacks comme modèles-vedettes de leur chefs-d’œuvre ?
Réponse à la galerie Daniel Templon, dans le 3e arrondissement à Paris, jusqu’au 24 décembre, avec Kehinde Wiley. Ce jeune artiste est né d’un père Yoruba du Nigeria et d’une mère afro-américaine dans les quartiers violents de Los Angeles. Surdoué (il a même fait un cursus à Yale, le bougre !), il manie les pinceaux en virtuose, ce qui lui a valu entre autres de figurer très précocement dans les collections de Michael Jackson.
Partout dans le monde, Kehinde Wiley organise des castings sauvages, avec des gamins de la rue, des favelas, de jeunes amateurs de culture hip hop. Et il les peint, avec une technique picturale aussi puissante que celle des grands maîtres anciens (qu’il admire d’ailleurs).
Voilà donc ces modèles – des quidams anonymes – élevés au rang d’icône, glorifiés sur des toiles, soudain dignes du prestige des princes et des héros. Les voilà surtout qui s’emparent des signes de la domination symbolique et de la grandiloquence occidentale.
Un savant mélange de beauté et d’ironie critique donc. Et qui sait, peut-être que vous serez le prochain modèle de Kehinde Wiley !
Kehinde Wiley / The World Stage : France, 1880 – 1960 /27 octobre > 24 décembre 2012
Galerie Daniel Templon / 30, rue Beaubourg / 75003 Paris