Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Kendrick Lamar, Mr. Morale & the Big Steppers
Il y a des disques sur lesquels tout le monde est d’accord avant même que qui que ce soit ait entendu quoi que ce soit. L’album de Kendrick Lamar paru ce jour, septième du nom, est de ce genre-là. Il est, cochez au choix, le “king”, le “pape”, le “parrain”, le “chef de file” ou tout autre appellation qui rappelle que le hip-hop ricain, versant gangsta-conscient, c’est lui qui le gouverne. Et alors, une fois n’est pas coutume, figurez-vous, on est d’accord avec tout le monde. Pas besoin de vous en écrire des caisses, vous l’avez sans doute déjà écouté, ce disque dont tout le monde parle et qui était même l’un des hashtags les plus commentés sur Twitter (pas si fréquent pour un album joué sur Nova…). On pointera simplement le fait que le premier morceau du disque se nomme « United in Grief » et que ce n’est sans doute pas pour rien.
Obongjayar, Some Nights I Dream of Doors
Loin de Compton, du rap ricain et des millions assurés de streams, de ventes et du reste, il y a aussi aujourd’hui l’album d’Obongjayar, Some Nights I Dream of Doors, ce londonien né au Nigeria qui traîne avec Little Simz et propose un rap qu’il chante et qui devient même parfois du spoken world. Obongjayar, vous connaissez, car vous entendiez sur Radio Nova le morceau « Tinko Tinko (Don’t Play Me A Fool) ». Fouillez votre sujet et faites comme lui : ne comptez pas de rêver des portes qui mènent ailleurs. Ouvrez-les.
Nu Genea, Bar Mediterraneo
Après Compton et Londres, cap au Sud. Calons-nous un instant dans le Bar Mediterraneo (« Bar Méditerranéen » pour ceux qui ne parleraient pas italien) que viennent d’ouvrir ensemble les musiciens, DJ et grands diggers Di Lena et Lucio Aquilina qui, non contents d’avoir digéré tout ce qui s’était produit de plus groovy sur la scène napolitaine des années 70 et 80 (les compilations hommages Napoli Segreta et l’album Nuova Napoli), élargissent l’horizon à l’ensemble de la Méditerranée. On contemple ainsi, sur cet album dont vous avez entendu l’été dernier le tube disco-funk « Marechià » sur Radio Nova, des rivages menant vers des étendues grecques, turques, maghrébines, égyptiennes, napolitaines bien sûr. On y accoste, on s’y perd, on s’y relaxe, et on y danse avec au corps une nostalgie dont on ne sait pas très bien d’où elle peut venir, mais qui nous rappelle une chose : la vie, avec un peu de soleil, une mer aux reflets bleutés, et les quelques tubes, dansants (« Tienaté », « Vesuvio ») ou apaisées (« Straniero », « La Crisi »), vaut la peine d’être dansée.
The Smile, A Light for Attracting Attention
Celui qui nous donne la différence entre The Smile (formé notamment par Thom Yorke et Jonny Greenwood) et Radiohead (formé notamment par Thom Yorke et Jonny Greenwood) aura gagné le défi, qu’à la rédaction, personne n’est encore parvenu à remporter. Mon camarade et collègue Richard Gaitet me glisse, ceci dit, qu’il trouve le morceau « Pana-Vision » vraiment très beau et très intense. Il me recommande également, dans une sensibilité assez proche, le générique, finalement refusé par la production, du Spectre de James Bond. Il me parle de ces deux morceaux comme de « jumeaux maléfiques » mais enfin, reconnaissons que l’on s’éloigne tout de même un peu du sujet de base.
Groundation, One rock
Oh oui, il y a aussi le dixième album de Groundation qui sort aujourd’hui, le groupe, formé en 1998 par le chanteur et guitariste Harrison Stafford qui a contribué, rien que ça les gars, à définir le reggae roots américain. Et dix piges les enfants, ça se fête : sur ce disque, notons des collaborations avec des légendes vivantes comme Israel Vibration, The Abyssinians ou même The Congos, qui ne sont quand même pas n’importe qui question reggae roots.
À écouter aussi aujourd’hui et pour finir car profitez un peu du beau temps aussi ne restez pas la gueule sur les écrans : celui de Monophonics, gardiens du temple de la soul classique, ou encore celui toujours très expérimental d’Adrian Younge, Jazz Is Dead 011. Bonne semaine !