A minima depuis les aventures en Technicolor de la petite Dorothy au pays des Munchkins, on sait que le Kansas est une terre propice aux appareillages les plus absolus, les plus farfelus, les plus mirifiques. C’est sous cet auspice rêveur, voyageur, celui des horizons grands déployés que se place la folk de Kevin Morby, qui y a passé ses années d’enfance.
Sur la yellow brick road de sa discographie étalée sur une pleine décennie, Kevin Morby a publié sept albums, tous empreints d’un indie-rock très folk, zébré parfois d’électricité ; des chansons élégantes et so(li)taires, au classicisme affûté, dans la tradition séculaire des Dylan, Van Dyke Parks, Bill Fay, Neil Young, du regretté David Freel ou encore Kurt Vile plus près de nous, bref, de tous ces loners déambulant une mélodie au bout des doigts, au coin des lèvres, sur les rives d’un long fleuve dont l’apparente tranquillité ne doit pas faire oublier qu’il n’est pas toujours judicieux d’agacer l’eau qui somnole.
« Je suis un nerd, je sais d’où vient ma musique, disait-il il y a une poignée d’années à nos confrères de Libé. Je me demande même parfois si je veux apporter une nouvelle chanson folk à un monde qui en a tant. Mais si je crois vraiment en un titre, le doute s’efface. Quand j’étais dans la scène punk et que j’entendais des gens s’asseoir au piano, je trouvais ça d’un ennui mortel. Maintenant, j’aimerais faire changer d’avis ceux qui pensent ainsi. »
Et pour cela, Kevin Morby a dans son paquetage, son havresac et ses flightcases, une flopée de nouvelles chansons, mises au point aux côtés de son compère Sam Cohen, multi-instrumentiste minutieux déjà présent sur Singing Saw et Oh My God. Pas de révolution de palais dans les sillons de This is a Photograph, mais des arpèges ne dédaignant pas les enluminures de choeurs, de cuivres, de cordes, prenant le pouls d’une Amérique « I can’t go on – I’ll go on » au revers des skylines – trajectoires fêlées, marges douces-amères, authentique et insidieuse mélancolique façon Sam Shepard.
Enveloppées d’un conscience aiguë du drame pouvant sourdre à chaque tressaillement de la trotteuse (l’album a été motivé par la crise cardiaque qui a failli emporter le père de Kevin Morby), ses chansons propagent pourtant, à coup sûr, la lumière d’un random act of kindness, simple et délectable comme un sorbet à la fraise un après-midi d’été.
Trois ans après son dernier passage bordelais, déjà à Barbey, la Radio Nova vous offre des tickets, à ce guichet numérique, pour le retour scénique de Kevin Morby. Pour cela, un seul sésame nécessaire, un seul viatique : le mot de passe Nova Aime.
Kevin Morby, le lundi 23 mai à 20h30 @ Rock School Barbey (Bordeaux).