Le chat, d’autres histoires, et Fuzati chez Nova pour parler de son troisième album.
Le chat. Animal câlin pour les uns, animal connard pour les autres, animal clivant, dans tous les cas. Le chat, celui qui, selon Baudelaire, juge, préside et inspire toutes choses dans son empire (« peut-être est-il fée, est-il dieu ? »), ou qui, chez l’internaute 2.0, se trouve être l’incarnation du mignon, du lol, de l’entertainment de masse. Le chat, on en parle ici parce que c’est un peu l’animal totem de Fuzati, le leader d’un klub, celui des Loosers, dans lequel il s’est souvent retrouvé un peu seul (Orgasmic et Detect, via leur présence aux platines, en furent également membres). Un animal qui apparaît sur son premier album (plus tard, dit-il, son chat s’appellera « Ma chérie les enfants, je suis là »), sur un morceau de 2009 (« Chacun cherche son chat »), dans les nombreuses occurrences faites à cette « chatte » (qui pourrait aussi, peut-être, faire référence à autre chose), et donc sur ce troisième album, nommé comme un recueil d’Edgar Allan Poe (Le Chat et autres histoires) qu’aucun éditeur n’aurait eu, jusqu’ici, la bonne idée de publier.
De l’album-concept au recueil de nouvelles
Ce troisième album du Klub des Loosers, c’est donc effectivement un recueil de petites histoires, celles d’un rappeur ayant, pour cette fois et contrairement aux deux premiers albums, abandonné l’idée d’album-concept de Vive la Vie (un post ado allait alors bien mal) et de La fin de l’espèce (n’enfantons pas. Surtout pas), afin de se concentrer sur quelque chose de plus frontal et de moins brut. De plus pop, aussi, l’album accueillant quelques mélodies et quelques chants nouveaux (idées inédites chez Fuzati), de même qu’il accueille quelques featurings, inattendus (Jérémie Orsel de Dorian Pimpernel sur « Feuilles Volantes » et « Cosmonaute », et Xavier Boyer de Tahiti 80 sur « Neuf moins huit »).
Le sample, puis le solfège
Autre nouveauté, celle dont cet album a été composé, puisque Fuzati, abandonnant l’accumulation de samples dont il était coutumier (le garçon est un très grand collectionneur de disques, et de sons en tous genres), a composé la plupart des morceaux de cet album, lui qui a notamment pris, au cours des dernières années, quelques cours de solfège afin de pouvoir fabriquer lui-même ce troisième épisode (sans compter les albums instrumentaux Spring Tales et Last Days, et l’album Grand Siècle, mené avec Orgasmic), sans doute moins misanthrope que ses prédécesseurs mais habité, c’est la marque de fabrique, par cette même capacité à porter très haut l’art de la punchline qui fait saigner (« Et tu veux y croire très fort dès qu’une petite gloire t’embrasse / Hélas ! Tout le monde te saute comme la préface ») et par cette mise en scène permanente d’un personnage que le rappeur de Versailles, qui n’y habite plus (« j’ai quitté cette ville pourrie depuis longtemps », nous dit-il) a su si bien forger au fil du temps qu’il semble se confondre, toujours, avec son auteur…
Chez Nova, dans une pièce où vous pourrez remarquer la présence d’un certain nombre de disques et de CD (endroit idéal pour accueillir pareil mélomane), rencontre.
Klub des Loosers est en concert à La Cigale le 23 mars. Son troisième album solo, Le Chat et autres histoires, est sorti en indé, chez Ombrage éditions / Modulor.