Quand un type abat les arbres des peintures pour alerter sur la déforestation
Chaque année, près de 10 millions d’hectares de forêt disparaissent de la main de l’homme, soit 18 terrains de foot à la minute. Rapporté à la surface totale des forêts dans le monde (4 milliards d’hectares), ce chiffre peut paraître insignifiant (0,25%). Pourtant, à saisir l’impact des écosystèmes forestiers sur l’environnement planétaire – fixation et conservation des sols, stockage de l’eau, reconstitution des nappes phréatiques, absorption de carbone et restitution d’oxygène par photosynthèse… – on appréhende mieux l’ampleur de l’hémorragie et les risques encourus par l’homme s’il continue à s’acharner sur son biotope.
Iain Woodhouse, un maître de conférence en télédétection (oui, ça existe ; et permet justement d’évaluer l’ampleur de la déforestation par images satellite) à l’Université d’Edimbourg, a décidé d’attirer l’attention sur ce phénomène inquiétant. Mais plutôt que de mobiliser sa science satellitaire, le géographe a opté pour une approche historique et artistique du phénomène. Sa démarche semble traversée d’une interrogation : « à quoi ressemblerait l’Europe du XIXème siècle si elle avait été privée d’arbres ? ». Ce qui d’un point de vue artisitque donne : « à quoi ressembleraient les peintures des grands maîtres du XIXème, si ces derniers n’avaient jamais vu de forêts ? ».
Aidé par Photoshop, Monsieur “Maison en bois” – pour traduire son nom – revisite la peinture moderne, de Constable à Seurat en passant par Van Gogh, à la recherche d’un monde sans feuilles ni racines. Sur son blog, il explique ainsi l’origine de ce travail :
« Ce projet est une tentative de représenter visuellement la « perte ». J’ai travaillé sur ce thème, entre autres, avec l’artiste Alice Ladenburg. C’est relativement facile de représenter l’importance d’une chose « présente », mais comment capturer, ou exprimer l’importance de quelque chose comme la déforestation, qui évoque de part en part l’absence ? Pas facile d’attirer l’attention sur une chose qui n’est pas là ! »
Un résultat édifiant et flippant.
Constable, La Charrette de foin (avant) :
Et après :
Seurat, Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte (avant) :
Après :
Et le meilleur pour la fin : Van Gogh, Oliviers avec ciel jaune et soleil ou « comment transformer Saint Rémy de Provence en désert sahélien »