Matthew Herbert crée un morceau à partir d’un sample “khadafien”
Matthew Herbert, fameux compositeur anglais de musiques expérimentales, sortira The End of Silence le 24 juin prochain, sur son propre label Accidental Records.
Particularité de l’album : il a été entièrement construit autour d’un sample de 10 secondes enregistré pendant la guerre civile libyenne de 2011.
10 secondes d’enregistrement chaotique durant lesquels les forces de feu le colonel Kadhafi bombardent la Libye.
Des combattants se tirent dessus au AK (ou un pistolet-mitrailleur du genre) ; un avion passe en rase-motte… silence… Explosion ! … cris… re-silence… Ensuite on plonge tête casquée dans les sonorités troublantes et apocalyptiques de Herbert. Véritable errance post-traumatique de 24 minutes !
En même temps, 24 minutes de cauchemar acousmatique, c’est long, mais toujours moins qu’1 heure ¾ avec BHL t’expliquant comment il a sauvé le monde… libyen.
Moins emphatique, Matthew Herbert explique qu’il a voulu saisir l’instant :
« geler l’histoire, appuyer sur pause et déambuler dans cette séquence sonore – en essayant d’appréhender toutes ses composantes, et de comprendre pourquoi elle est aussi effrayante ».
C’est la première fois, ajoute-t-il, qu’il entend « un enregistrement direct, de première main, d’une explosion » (via Consequence of Sound).
Matthew Herbert – The End of Silence – Part 1 (excerpt) by Accidental Records
Cet enregistrement est un témoignage direct de la guerre, sans média-tion, sans cette distance irréductible instituée par les images, écrans, discours, narrations… Et effectivement, on s’y croit.
Concrètement, pour produire ce morceau Herbert a « atomisé et fragmenté » la séquence, de sorte qu’elle lui apparaît finalement comme « l’enregistrement d’un quartet de jazz ».
Des jazzmen belliqueux ! Et un sample polémique ! (de « polemos », la guerre en grec)